LCI veut créer l’information du futur
L’ironie du vainqueur ? « J’ai une pensée émue ce matin pour Alain Weill, i-Télé dont je connais un peu moins les gens et pour Le Monde ». Le président de TF1 Nonce Paolini ne boudait en effet pas son plaisir vendredi matin dans une conférence de presse improvisée dans les locaux du groupe qui faisait écho à la décision du CSA de faire passer sa chaine d’information LCI du payant à la TNT gratuite dès le début 2016. Cette troisième tentative depuis 2011 aura donc été la bonne pour le dirigeant qui se projette déjà dans un futur proche avec les équipes de la chaîne qui devront désormais « s’affronter au dur challenge de l’audience ». « Nous resterons une chaine d’info », martèle Catherine Nayl, la directrice générale adjointe à l'information du groupe TF1, avec la volonté en 2016 de « créer l’information du futur ». Vaste programme qui va rapidement engager la chaîne à « travailler en pensant digital immédiatement », assure-t-elle. « BFM TV a gagné le pari de la hard news. Ils font bien ce qu’ils font, mais on ne veut pas faire BFM TV », précise-t-elle. Et pour ce faire, un mouvement de fond va se mettre en place avec la réunion des équipes de LCI, metronews et MyTF1news (300 personnes) en une seule et même rédaction. « Nous allons nous organiser en une chaine d’information digitale, cela n’existe pas en France », selon Mme Nayl.
Réunir LCI, metronews et MyTF1 News
Aux commandes du nouvel ensemble, placé sous la responsabilité de Catherine Nayl, une codirection de LCI nouvelle manière assurée par Nicolas Charbonneau, jusqu’alors son adjoint à la direction de l’info de TF1, et Jean-François Mulliez, précédemment directeur délégué au sein du groupe. A charge pour eux de gérer « l’ensemble de la ligne éditoriale et le business plan », détaille Mme Nayl. Premier changement, le logo de la chaîne réalisé en interne se refait une beauté, tout comme l’habillage qui sera présent à l’antenne dès janvier prochain. « Tout est à faire, mais LCI a déjà un ADN. Il fallait que l’on renaisse », explique M. Charbonneau. L’objectif affiché : « une seule et même entité, bimédia, pour servir tous nos supports ». Si le gros des changements dans les programmes seront visibles à la rentrée de septembre, LCI connaitra tout prochainement quelques aménagements : au sein de la matinale, le talk animé par Valérie Expert sera un « peu plus societé » tandis que la tranche 19-21h animée par Julien Arnaud va gagner une heure pour débuter à 18h. Le week-end, Christophe Ono-dit-Biot qui anime "Au fil de la nuit" sur TF1, viendra proposer sur LCI un magazine culturel.
Quoi qu’il en soit, LCI sera sur les actifs digitaux « dès janvier », souligne M. Mulliez. « Tous les écrans doivent se répondre », assène-t-il. Dans une véritable logique de « test and learn », la nouvelle mouture de LCI devra convaincre les téléspectateurs déjà bien pourvus en chaînes d’information (BFM TV, i-Télé…) alors que se profile l’arrivée de la chaîne d’information du service public en 2016. « A nous de créer la préférence de marque », s’enthousiasme-t-il.
Passes d’armes médiatiques Paolini-Weill
En revanche, du côté du groupe NextRadioTV, maison mère de BFMTV, le réveil aura été plus douloureux. Interrogé sur France Info, son président Alain Weill n’a pas mâché ses mots en annonçant le dépôt d’un recours devant le Conseil d'Etat contre la décision du CSA. "Je crois que j'irai personnellement déposer le recours", a-t-il déclaré. Un recours au Conseil d'Etat "n'est pas suspensif", a toutefois rappelé sur Europe 1 le président du CSA, Olivier Schrameck. LCI peut donc passer en gratuit "aussi vite" qu'elle le souhaite, dès "les semaines à venir", a-t-il ajouté. Interrogé sur ce point par l'AFP, Alain Weill a évoqué la possibilité de recourir à une procédure d'urgence "afin d'avoir une réponse avant que LCI passe en gratuit". "Je l'ai dit au CSA : Il faudra que vous assumiez les conséquences de votre décision", a-t-il rappelé, au sujet des éventuelles répercussions en terme d'emplois. "L'entreprise va devoir s'adapter au nouveau paysage, aux nouveaux équilibres, on va devoir sans doute réduire les coûts", a ajouté le patron de NextRadioTV. Il a par ailleurs indiqué sur RTL que "les seules raisons qui puissent justifier ce choix, ce sont des pressions politiques ».
Une affirmation de son concurrent que Nonce Paolini a peu goûté lors de la conférence de presse de LCI. « Ca me chauffe », faisant référence à « un activisme forcené » et à « un bourrage de crâne total ». « Si M. Weill a des informations, des témoins, des preuves… qu’ils les fournissent. Il dit n’importe quoi ».