Groupe L’Equipe : une nouvelle ère, de nouveaux terrains de jeux

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Rolf Heinz, directeur général du groupe L'Equipe

(© Thierry Wojciak/CBNews)

Je « veux l’élargissement du terrain de jeu de L’Equipe ». Depuis juin 2024 à la tête du groupe L’Equipe, Rolf Heinz a déroulé vendredi lors d’un déjeuner de presse sa feuille de route baptisée « Vision 2030 », et ses ambitions pour cette « marque légendaire et patrimoniale ».

C’est « un projet de croissance, de développement d’activités et de progression du résultat opérationnel », assène-t-il alors que l’année 2024 a été marquée par les Jeux Olympique et Paralympiques de Paris. Un événement planétaire qui devait porter la marque vers des sommets d’audience, de commercialisation et de chiffre d’affaires publicitaires. Muet sur les résultats financiers du groupe l’an passé, comme ses prédécesseurs, le dirigeant parle tout de même d’une année « correcte » financièrement » et «  exceptionnelle » pour la couverture éditoriale. Dans ce contexte, le groupe L’Equipe s’engage dans une nouvelle ère. Si le sport « reste le cœur de notre actualité », le tableau de marche à venir est résolument affiché. Place aux priorités : « élargir nos audiences cœur de cible et conquêtes de nouvelles, plus jeunes et thématiques, amplifier la singularité de nos offres et étendre notre terrain de jeu business », expose M. Heinz. Il souhaite ainsi que soit intégré dans les offres à venir, des sujets plus vastes étroitement liés aux sports, allant du sociétale (environnement, sociale, économique…) à des dimensions plus « personnelles » pour les lecteurs, en passant par des solutions servicielles, des sujets santé, alimentation, lifestyle, tourisme ou encore fitness… « Nous voulons parler à toutes les dimensions de nos lecteurs à partir de ce qui fait l’ADN de L’Equipe », résume-t-il. « Nous pouvons et savons raconter ces histoires-là », ajoute-t-il.

Des ambitions affichées

Si un « repositionnement » de L’Equipe papier n’est pas au programme, la nouvelle approche du groupe pourrait trouver sa pleine mesure sur le web. Sous quelle forme ? Agréger les nouveaux axes éditoriaux sur le site actuel de L’Equipe ou purement et simplement créer une nouvelle marque, parallèlement, via un nouvel espace web ? Rien n’est tranché, nous n’en saurons pour l’heure pas plus. Quoi qu’il en soit, le groupe vise à devenir un véritable « media vidéo », projetant de séduire son lectorat pour afficher 500 millions de vidéos vues par mois à l’horizon 2030 (vs 100 millions actuellement), notamment avec de nouveaux formats « sportainment », ludiques et des documentaires, entre autres. Il table également sur 500 000 abonnés à cette même échéance, contre 210 000 sur ce début 2025 et de passer de 11 millions de visiteurs uniques pour le site internet à 20 millions. Par ailleurs ambitieux depuis plusieurs années sur les droits TV pour sa chaine (biathlon, matches qualificatifs -Hors Bleu- pour la prochaine Coupe du monde de football, etc.), L’Equipe bénéficiera cette année d’une enveloppe supérieure à celle de 2024. Rolf Heinz ne fermant pas la porte à une acquisition auprès de M6, détenteur des droits TV de la Coupe du monde de football 2026, de matches de la compétition. « Je ne l’exclue pas, c’est intéressant à creuser », concède-t-il. Tout comme il souhaite en outre créer de nouveaux événements sportifs, à l’image de ceux portés par sa maison-mère (Tour de France cycliste, Ballon d’Or, Vélo d'Or, etc.), et accroitre la publication de hors-séries et sa présence sur le esport. Le directeur général du groupe veut aussi « vendre notre savoir-faire », faisant ainsi notamment référence à la production audiovisuelle via la société 21 Prod qui a œuvré en tant que prestataire, pour DAZN et la Ligue 1 de football ou Amazon pour Roland Garros, et France 24.

S’entourer d’une équipe

Des changements à venir qui représentent « plusieurs millions d’euros », sans plus de précision, abondé par l’actionnaire, la famille Amaury, n’ont pas été sans susciter des inquiétudes en interne alors que le directeur de la rédaction de l'Equipe, Lionel Dangoumau et son adjoint Jean-Philippe Leclaire ont été « mis en disponibilité », a indiqué Rolf Heinz, confirmant une information de La Correspondance de la Presse. Ce dernier n’a toutefois pas confirmé l’information du Figaro selon laquelle Matthias Gurtler, qui vient de quitter ses fonctions de directeur de la rédaction de Gala, devrait prendre la tête de la rédaction du quotidien sportif. Le dirigeant a néanmoins promis une « clarification » sur le sujet « début février ». Je comprends « ce moment de choc » pour les collaborateurs, assure-t-il, « mais je suis confiant et optimiste. Mon rôle est de développer l’équipe qui va m’entourer, c’est mon exigence majeure. Comme dans le sport, ce sont les équipes qui comptent. Je suis un homme de conviction et d’intuition ». Pour lui, dès ce  premier trimestre, « nous serons chacun à notre place, au complet pour les prochaines années ».

Par ailleurs interrogé sur les changements opérés par l’ARCOM sur la numérotation des chaines de la TNT, Rolf Heinz a fait part de sa déception, même s’il dit « respecter » la décision de l’instance. « Le sport aurait mérité plus de visibilité, sur la chaine 8 ou 12. Il y avait là une vraie opportunité, alors que le sport accompagne la cohésion sociale, et œuvre à la santé, à l’éducation ». Le dirigeant s’est également dit ouvert, pourquoi pas, à la création d’une seconde chaine sur la TNT lors du prochain renouvellement de ses fréquences, qui serait le réceptacle des nouvelles ambitions éditoriales du groupe L’Equipe. Rolf Heinz a également indiqué, même si « ce n’est pas une priorité », qu’il serait « légitime, vertueux et juste » que L’Equipe obtienne le statut de publication d’information politique et générale (IPG) qui peut notamment donner droit à un abattement sur le tarif postal de presse, bénéficier d’aides au pluralisme, au portage et à la distribution de la presse.

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