La Fiction TV fait débat au Festival de La Rochelle

HPI

Audrey Fleurot ("HPI")

Les débats sont allés bon train lors de la 23ème édition du Festival de la Fiction de La Rochelle qui s’est achevé dimanche. Au cœur des conversations, les relations entre les chaines TV et les plateformes. Forcément complexes, à l’heure où les groupes audiovisuels tentent de rivaliser avec des productions souvent très ambitieuses. Et la France gagne du terrain avec des productions locales qui font la course en tête, grâce à des succès d’audience. Ainsi, selon un dernier classement du CSA, dans le Top 20 des meilleures audiences, pas une seule série étrangère n’y figure. Et en 2021, TF1 a renoué avec des scores jamais vus depuis 15 ans grâce à "HPI". La série portée par Audrey Fleurot "vient d'être vendue dans 15 pays" et des négociations sont en cours pour une adaptation aux Etats-Unis, s'est félicité le PDG du groupe, Gilles Pélisson, lors d'un débat réunissant patrons de chaînes, auteurs et producteurs. Chez Arte, on se réjouit du phénomène "En Thérapie" (53 millions de vues sur arte.tv), tandis que la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, clame sa "fierté" de voir "Laëtitia" de Jean-Xavier de Lestrade diffusée sur la prestigieuse chaîne américaine HBO.

La rareté des talents

"On vit une bonne période pour la création", selon Delphine Ernotte.  Mais il faut composer avec des acteurs qui "ont des poches extrêmement profondes" et les moyens d'attirer les créateurs, a expliqué Gilles Pélisson. "Beaucoup de scénaristes et réalisateurs" lui ont ainsi indiqué pendant le festival ne pas être disponibles pour TF1 car ils "bossaient" pour Netflix ou Amazon. "On est dans la rareté des talents", estime-t-il, vantant la stratégie de TF1 d'en faire émerger de nouveaux grâce à ses feuilletons quotidiens ("Ici tout commence" et "Demain nous appartient").  Le service public s'inquiète également de voir ses talents "privatisés". "On cite toujours Fanny Herrero, la très grande show-runneuse, (directrice de série), de « Dix pour cent » qui est sous contrat Netflix", rappelle Delphine Ernotte.

L'avenir, c'est l'exploitation des droits numériques

Difficile aussi de garder la main sur ses pépites. Actuellement sur Disney+, "En thérapie" a été "pensée, développée avec l'aide d'Arte", a rappelé le président de la chaîne franco-allemande Bruno Patino, qui aurait aimé la rediffuser "non seulement en ligne mais aussi à l'antenne" à l'occasion du procès des attentats du 13 novembre, toile de fond de la série. "Lorsqu'un producteur va chercher une seconde fenêtre (de diffusion) avec une plateforme c'est parce qu'il n'est pas assez financé", répond la productrice Nora Melhli. "L'avenir, c'est l'exploitation des droits numériques", a résumé lors d'un point presse le numéro 2 de France Télé, Stéphane Sitbon-Gomez.

Malgré tout, les partenariats avec les plateformes se multiplient : France Télévisions prépare une série d'action, "Coeurs noirs", avec Amazon. Arte coproduit en association avec Netflix "Le monde de demain", sur la jeunesse de NTM. Et la série de TF1 "Une affaire française" sera diffusée sur la plateforme américaine Starzplay, et non sur Salto, qu'elle a pourtant lancée avec France Télévisions et M6. Après le "Bazar de la charité", TF1 prévoit une nouvelle série avec Netflix, "Les combattantes", située pendant la première guerre mondiale. "On est passé" de budgets de "700.000 à 800.000 euros l'épisode" à "plus de 2 millions voire 3 millions d'euros (...) et ça se voit à l'écran", justifie Gilles Pélisson.

Dans le cadre du débat, les dirigeants de TF1 et M6 ont à nouveau défendu le projet de fusion de leurs deux chaînes. "Il va falloir des acteurs forts, solides, qui à la fois vont être présents dans le linéaire (télévision traditionnelle) mais aussi dans le streaming", a fait valoir Gilles Pélisson. Mais pour le patron de Canal+, Maxime Saada, ce projet "fait peser des risques sur l'écosystème local français" sans "répondre au problème mondial de la concurrence".

 

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