Droits TV : LFP et DAZN font baisser la tension
La Ligue de football professionnel et DAZN ont trouvé un accord, le principal diffuseur de la Ligue 1 française ayant payé 36 millions d'euros dus au titre d'une échéance de janvier et la LFP s'étant en retour désistée d'une procédure en référé.
Le mois dernier, la Ligue avait assigné en référé DAZN devant le tribunal de commerce de Paris pour s'assurer du paiement par la plateforme britannique de cette échéance financière que celle-ci menaçait de ne pas honorer, évoquant des conditions d'exploitation difficiles liées au piratage et au manque de coopération de certains clubs pour mettre en valeur le "produit Ligue 1". Les deux parties, "dans le cadre d'une médiation", n'ont donc pas attendu l'ordonnance du tribunal sur ce litige, prévue vendredi. Cette baisse de tension tombe à point nommé pour la Ligue, confrontée à la grande inquiétude des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, menacés d'une grave crise financière liée notamment à une baisse des revenus générés par les droits TV. "Je me félicite de la décision de DAZN de payer les 35 millions d’euros qu'il devait à la Ligue et donc aux clubs. Pour faire face à cette situation exceptionnelle, je rappelle que le conseil d'administration de la LFP avait décidé à l'unanimité d'activer son fonds de réserve", a réagi immédiatement Vincent Labrune, le président de la LFP, auprès du journal L'Equipe. "Les discussions se poursuivent pour tenter de trouver un accord sur l'ensemble des difficultés rencontrées entre la LFP et DAZN", précisent néanmoins les deux parties dans le communiqué commun qu'elles ont rédigé jeudi matin. Elles n'évoquent pas explicitement la procédure parallèle sur le fond entamée par DAZN, qui réclame de son côté 573 millions d'euros à la LFP pour "tromperie sur la marchandise" et "manquement observé".
Confronté à un nombre d'abonnés dérisoire depuis la signature de son contrat en juillet 2024 (500 000 au lieu des 1,5 million espérés en décembre 2025), la plateforme britannique, qui a acquis les droits de huit rencontres de L1 par journée de championnat contre 400 millions d'euros annuels jusqu'en 2029, demande à la Ligue 309 millions d'euros pour "tromperie sur la marchandise" et 264 millions d'euros pour "manquement observé". Soit 573 millions au total. DAZN, qui n'imaginait pas remporter la décision du tribunal de commerce vendredi et s'attendait à devoir payer les 35 millions d'euros qu'elle avait mis sous séquestre, se félicite néanmoins de ce premier pas.
Un intérêt commun
En décembre dernier, "nous avons proposé à la Ligue, pour que le contrat qui nous lie soit respecté de part et d'autre, de le modifier en y incluant une part de paiement des droits fixe et une part variable", expliquait à l'AFP Brice Daumin, le patron de DAZN France. DAZN, qui doit encore payer à la LFP deux échéances de 70 millions d'euros cette saison, voit dans l'accord de jeudi une avancée vers sa revendication de revoir les termes du contrat qui la lie à l'instance. "Nous avons un intérêt commun, que DAZN performe et gagne de nouveaux abonnés", explique encore Vincent Labrune dans L'Equipe en détaillant son plan d'action : "renforcer la lutte contre le piratage" et "ouvrir encore plus nos clubs à DAZN", "en faire encore davantage la promotion".
Si DAZN n'atteignait pas 1,5 million d'abonnés en décembre 2025, la plateforme de streaming sportif dispose d'une clause pour dénoncer son contrat avec la LFP, une clause dont dispose la Ligue également. "Nous n'avons aucune intention de partir", affirmait encore Brice Daumin à l'AFP. "Nous sommes là sur du long terme comme dans chaque pays où nous possédons des droits. On ne veut pas activer cette clause, ce serait un désastre pour tout le monde".