Droits TV : 3 présidents de club de Ligue 1 lancent un audit sur la LFP et LFP Media

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Après le choix du duo DAZN-beIN Sports qui va se partager la diffusion des matches de L1 pour près de 500 millions d'euros par saison, un audit a été lancé à la LFP et sa société commerciale à cause de résultats "pas au niveau des investissements consentis".

Jean-Pierre Caillot (président du Collège Ligue 1), Jean-Pierre Rivère (vice-président du Collège Ligue 1) et Laurent Nicollin (président du syndicat Foot Unis) ont annoncé mardi dans un communiqué qu'un audit allait être lancé sur la LFP et la société commerciale "LFP Media", fortement critiqués dans le dossier des droits audiovisuel de la Ligue 1. "Un audit de tous les postes de charges de la LFP et LFP Media a été confié à plusieurs présidents car il s'avère que malheureusement les résultats ne sont pas au niveau des investissements consentis", expliquent ces trois présidents de club. A un mois du début de la saison 2024-25 et au bout d'interminables négociations, la LFP a fait le choix dimanche lors de son conseil d'administration d'une répartition des rencontres entre DAZN, nouvel acteur dans l'écosystème du football français, et la chaîne qatarienne, avec des clauses et aménagements.

"DAZN n'est pas vraiment un choix de la LFP, dans la mesure où il s'agissait du seul diffuseur manifestant un intérêt", selon Pierre Maes, consultant en droits TV du sport, ajoutant à l'AFP que la LFP "s'est une nouvelle fois ridiculisée par un amateurisme déconcertant". Pour les deux prochaines saisons au moins, DAZN devrait diffuser huit des neuf rencontres de chacune des 34 journées du championnat pour 400 millions d'euros, l'affiche de chaque journée revenant à beIN pour 100 millions d'euros. Des négociations sont toujours en cours sur ce volet de l'affiche de BeIN, qui a la possibilité de sous-licencier la diffusion à une autre chaine, selon une clause. En plus de ces 500 millions sur les droits nationaux de la Ligue 1, le football français percevra aussi 160 millions annuels obtenus pour les droits à l'international, plus les 40 millions des droits de la Ligue 2, soit un total de 700 millions d'euros annuels, loin du milliard annoncé en octobre par le président de la Ligue, Vincent Labrune. Désormais, "l'heure est plutôt à apaiser le contexte, rassurer ceux qui ont décidé d'acheter nos droits et les encourager à travailler les meilleures grilles tarifaires", détaille le communiqué. "Je suis un président inquiet pour l'état financier du foot français. 500 millions d'euros valorisés, c'est in fine environ 9 millions d'euros pour le RCL. Jamais les clubs de L1 n'ont touché aussi peu au titre des droits TV", a pour sa part réagi le président du RC Lens Joseph Oughourlian lundi sur son compte Linkedin.

Le prix de l’abonnement pose question

L'autre point d'achoppement est le prix d'abonnement: plus de 30 euros par mois pour DAZN et 15 euros par mois pour BeIN. "Le prix d'abonnement pour DAZN semble très cher, plus cher que l'actuel abonnement d'Amazon (14,99 euros par mois en plus de l'abonnement de 6,99 euros mensuel à Prime Video, NDLR), ce qui pose question sur le nombre d'abonnés limité et sur l'équilibre économique possible pour la plateforme", expliquait lundi à l'AFP Philippe Bailly, président de NPA Conseil. Pour le consommateur, "c'est de nouveau cher, illisible (la répartition des affiches entre DAZN et beIN n'est pas claire) et contraignant (il faut s'abonner à un nouvel opérateur). Cette situation a pour effet de pousser le consommateur vers les solutions illicites, le streaming illégal et l'IPTV", estime le spécialiste Pierre Maes. "Des droits TV à 500 millions d'euros relèguent les clubs français loin derrière leurs concurrents du Big 5, ce qui aura pour effet d'appauvrir le niveau des joueurs présents sur les pelouses françaises. Du cercle vertueux vanté par Vincent Labrune au cercle vicieux", a-t-il encore expliqué. Selon lui, "la gouvernance se retrouve aujourd'hui au centre de toutes les interrogations : Labrune est lâché et ne tient plus rien, et les présidents de clubs se déchirent".

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