Le divorce du Figaro
Comme un symbole. Quelques semaines après la défaite de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle, Etienne Mougeotte, le directeur des rédactions du Figaro, a été remercié par l'actionnaire Serge Dassault. Il sera remplacé par Alexis Brézet. Une sorte de 2007 à l'envers puisque cette année-là, Nicolas Sarkozy avait été élu en mai et Etienne Mougeotte avait été nommé en novembre. Pour le Figaro, c'est la fin d'une ère.
Et pour Etienne Mougeotte, c'est peut-être - à 72 ans - la fin d'une carrière même s'il se murmure qu'il fourmille de projets dans l'audiovisuel. En cinq ans, le bilan d'Etienne Mougeotte à la tête du Figaro est contrasté. Le journal a inauguré une nouvelle formule qui fonctionne plutôt bien et il a été en pointe sur le web via son site internet qui est le leader des sites d'informations selon Mediamétrie/Nielsen Net Ratings. De plus, sous l'impulsion de Francis Morel puis de Marc Feuillé, tous deux présidents du groupe, Etienne Mougeotte a largement participé à la création de sites spécialisés brandés par le Figaro et a participé avec son directeur de la diversification, Lionel Rabiet, au rayonnement de la marque Figaro sur des thématiques comme le vin, la santé, le nautisme ou le golf. Bref, dans la conduite des affaires, le bilan est plutôt globalement positif, même si sur cinq ans la diffusion France Payée (OJD) du quotidien a baissé de 2% passant de 327500 exemplaires en 2007 à 321101 en 2012. Mais c'est surtout la façon dont Etienne Mougeotte a fixé la ligne éditoriale du quotidien qui a fait débat. "On est pas là pour emmerdé la droite" avait-il lancé à certains de ses journalistes qui se plaignaient "d'une mise en scène outrancière de l'information". Façon de dire qu'il roulait explicitement pour Nicolas Sarkozy et la droite. "Maintenant qu'il est parti nous allons pouvoir redevenir un journal de droite intelligent", rigole un journaliste. Déjà à TF1, Etienne Mougeotte était critiqué pour ses méthodes un peu cavalières pour instaurer une ligne éditoriale. Ce fut encore le cas au Figaro même si certains - comme hier à TF1 - saluent le "grand professionnalisme et la maestria pour sentir l'actu" d'Etienne Mougeotte. Pour le Figaro, ce départ marque donc la fin d'une ère. Devenu journal d'opposition de par l'alternance politique, le Figaro va certainement affiner sa ligne politique. Serge Dassault a en tout cas fait un choix de raison en nommant Alexis Brézet. Le journaliste connaît parfaitement le monde politique et pourra sans aucun doute faire le job. Toutefois, d'aucuns en interne, aurait préféré le pari de l'audace. Celui de faire venir Christophe Barbier pour "redonner au Figaro toute sa superbe".