Daniel Kretinsky convoite le britannique Royal Mail

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Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky veut racheter Royal Mail en difficultés et a affirmé mercredi vouloir poursuivre les discussions avec IDS, la maison mère du groupe britannique de logistique, après le rejet d'une première offre à 3 milliards de livres. Dopé par cette perspective, le titre d'International Distributions Services (IDS) s'est envolé de 28% mercredi à la bourse de Londres. EP Corporate Group, société du milliardaire qui détient déjà 27,56% d'IDS, a soumis le 9 avril "une proposition indicative non contraignante au Conseil d'administration" du britannique en vue du rachat du capital qu'il ne détient pas encore, a annoncé l'acheteur dans un communiqué. La proposition "a été rejetée", mais EP Group "espère continuer à s'engager de manière constructive" avec la direction du groupe de logistique, a-t-il ajouté, disant considérer le Royaume-Uni "comme un marché d'investissement attractif et dynamique".

IDS a précisé, dans un communiqué séparé, que l'offre d'EP Group se montait à 320 pence par action (ce qui valoriserait l'entreprise à quelque de 3 milliards de livres, soit 3,5 milliards d'euros, ndlr). Le Conseil d'administration d'IDS estime que l'offre "sous évalue considérablement" le groupe et ses perspectives d'avenir, notamment parce qu'il espère obtenir du régulateur la possibilité de diminuer la fréquence de distribution du courrier. Le titre d'IDS à la Bourse de Londres a terminé en hausse de 28,85% à 276 pence mercredi. "EP Group laisse entendre que Royal Mail aurait besoin d'un nouveau propriétaire qui adopte une vision à plus long terme et est prêt à investir pour renforcer l'entreprise. C'est une décision audacieuse, d'autant plus que la concurrence est féroce sur les colis", a commenté Dan Coatsworth, analyste chez AJ Bell.

Suppressions de postes 

Pour autant, reste à savoir quelles seraient les conditions d'une offre ferme, poursuit l'analyste: les gros actionnaires d'IDS "voudront certainement savoir si EP Group propose un prix décent" et "le gouvernement britannique pourrait également vouloir savoir ce qui se passe, étant donné le rôle crucial de Royal Mail" dans le pays. Royal Mail, ancien groupe public dont les origines remontent à plus de 500 ans, privatisé en 2013, a pâti récemment de la baisse du volume de colis à livrer, de graves défaillances dans la distribution du courrier et d'une grève pour les salaires. L'entreprise a dit au début du mois envisager des centaines de suppressions de postes et une réduction de la fréquence de distribution de certaines lettres afin d'endiguer ses pertes. Royal Mail, très endettée, fait notamment valoir que le volume de lettres a chuté d'un record à 20 milliards de lettres en 2004/2005 au Royaume-Uni à 7 milliards en 2022/3, un niveau qui devrait tomber à 4 milliards dans les cinq ans à venir. Le logisticien a perdu 419 millions de livres en 2022-23, et 319 millions pour les seuls six premiers mois de l'exercice 2023-24, entre envolée des coûts et chute des envois de courriers, remplacés par les emails. "Royal Mail se trouve dans une situation difficile", constate EP Group dans son communiqué.

"De faibles performances financières, une mauvaise prestation de services et une lente transformation, face à un marché en pleine mutation structurelle, ont mis l'entreprise sous une pression insoutenable." "Avec la concurrence croissante des sociétés multinationales sur le marché postal britannique, les investissements privés dans Royal Mail deviennent cruciaux", a-t-il fait valoir.

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