Chronologie des médias : Rachida Dati met la pression sur les professionnels
Un coup d’accélérateur. Dans un communiqué mardi, Rachida Dati, ministre de la Culture, s’est réjouie « de la mise en signature » dès ce 28 janvier de l’accord interprofessionnel pour la chronologie des médias, négocié par la filière sous l’égide du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). À quelques jours de l'expiration du précédent accord, signé en 2022, le message de la ministre est un appel du pied insistant à destination du monde du cinéma et de l'audiovisuel, plateformes américaines comprises. L’écosystème est en effet appelé à signer le renouvellement du système qui pose le cadre général de régulation dans lequel les différents diffuseurs - salles, DVD, VOD, TV et plateformes payantes et gratuites - peuvent proposer à leur public des films de cinéma. L’accord en cours, qui a donc permis d’intégrer pleinement les plateformes étrangères, a observé leurs investissements « significatifs » d’une part de leur chiffre d’affaires dans la production nationale. Le système « a fait la preuve de sa grande pertinence », a souligné la ministre, et « au vu de ces succès probants, l'accord aujourd'hui mis en signature s'inscrit dans la continuité de l'actuelle chronologie ». Ses détails n'ont pas (encore) été rendus publics.
Dans ce contexte, le système pourrait donc être conservé dans ses grandes lignes. Reste à savoir qui, du côté des chaînes de télévision mais surtout des grandes plateformes américaines comme Netflix, signera le texte. En 2022, une réforme de la chronologie des médias avait permis d'intégrer ces plateformes dans le système. L'idée, comme pour les chaînes de télévision, est que plus elles versent d'argent à la production française, plus tôt elles peuvent ensuite diffuser les films après leur sortie en salle. La première d'entre elles, Netflix, peut ainsi pour l'instant diffuser les films 15 mois après leur sortie en salle, et verse quelque 50 millions d'euros par an au secteur. Canal +, premier financeur du cinéma français, dispose de la meilleure "fenêtre", et peut passer les films six mois après leur sortie. L’incertitude demeure du côté de Disney qui n’avait pas signé l’accord il y a trois ans. L’entreprise a en effet rompu récemment son accord de diffusion avec Canal+ et lancé une campagne d'abonnement promotionnelle agressive à son service de vidéo à la demande Disney+. Le groupe de divertissement a donc besoin de pouvoir diffuser ses films sur sa plateforme le plus tôt possible. Selon la source proche des discussions, Disney vient de signer avec les organisations du cinéma et serait prêt à tripler sa contribution au 7e art, ce qui lui permettrait d'avancer dans la chronologie, doubler ses concurrents
Netflix et Amazon et de mettre en ligne les films sur Disney+ après seulement neuf mois. L'effort financier, si l'accord arrive à son terme, avoisinerait les 45 millions d'euros par an. "Ce qui semble nouveau, c'est la façon dont certains diffuseurs décident de
mettre plus d'argent sur la table pour financer le cinéma français, et diffuser leurs films plus tôt", explique à l'AFP le président par intérim du CNC, Olivier Henrard.
Quoi qu’il en soit, Rachida Dati « invite » l’intégralité des parties prenantes à signer ce nouvel accord, « composante essentielle » de la régulation du cinéma en France. Elle insiste sur cet accord « qui n’est pas un cadre figé puisque ses modalités permettront, de façon dynamique, de faire évoluer les positions des différents diffuseurs en fonction de l’évolution de leurs engagements en faveur du cinéma français ».