Baromètre La Croix-Kantar : l’intérêt des Français pour l’actualité en hausse
Le journal La Croix a publié les chiffres de l’édition 2021 de son traditionnel baromètre sur la confiance des Français dans les médias, par Kantar Public - onepoint. On y apprend que 33% des Français suivent les nouvelles données par les supports d’information (presse, radio, télévision, internet) avec un faible intérêt : 67% d’entre eux les suivent avec un grand intérêt, en hausse de 8 points. Chez les 18-24 ans, cet intérêt reste stable par rapport à l’an passé, avec 51% qui y trouve un grand intérêt.
Les Français s’informent à 46% par la télévision
La radio est en tête des médias les plus crédibles (« les choses se sont passées comme la radio les raconte » à 52%), en hausse de 2 points. Le journal est deuxième, à 48%, en hausse de 2 points. La télévision troisième source la plus crédible, à 42%, en hausse de deux points. Enfin, Internet est à 28%, en hausse de 5 points. 53% des Français jugent encore négativement la crédibilité de cette source (19% ne se prononcent pas). Quant à l’indépendance des journalistes, sa perception est en hausse. 29% des Français estiment qu’ils sont indépendants aux pressions des partis politiques et du pouvoir, en hausse de 4 points, (63% contre cet avis), et 29% aux pressions de l’argent, en hausse de 3 points (59% contre cet avis).
Selon le baromètre, les Français s’informent à 46% par la télévision (dont 16% par les chaines d’info en continu), 34% par internet - en hausse de 2 points (dont 22% sur smartphone), 14% par la radio (-1 point) et 5% par la presse écrite sur version papier (+ 1 point). Les plus de 35 ans s’informent davantage par la télévision (53%) que par internet (23% - en hausse de 2 points), a contrario les moins de 35 ans s’informent d’abord par internet (66% - en hausse de 5 points) puis via la télévision (26%). Sur les cinq dernières années, l’accès à l’information par la presse écrite reste stable, la radio et la télévision sont en baisse. Internet augmente, de 22% en 2015 à 34% cette année. Sur internet, les Français s’informent via les sites des titres de la presse écrite à 29% (+ 4 points), puis par les réseaux sociaux à 20% - en baisse de 2 points, par les sites des chaines de télévision et des radios à 10% - en hausse de 1 point, et via les sites d’informations pureplayers comme Mediapart à 7%, une source qui reste stable. Enfin, 8% des Français qui s’informent sur Internet passent par d’autres sites.
L’épidémie de Covid-19 bien traitée pour 44% des Français
Le baromètre La Croix fait également le point sur le traitement médiatique en 2020, en se basant sur l’Unité de Bruit Médiatique mesurée par Kantar. L’épidémie de Covid-19, l’élection de Joe Biden et le renoncement du prince Harry et de Meghan Markle à leurs titres royaux sont les 3 évènements dont on a trop parlé en 2020 selon les Français. La conférence citoyenne pour le climat, les révélations d’abus sexuels dans le monde sportif et le mouvement pour la démocratie en Biélorussie sont les 3 évènements dont on n’a pas assez parlé. Et l’attaque terroriste au couteau de la basilique Notre-Dame de Nice, l’assassinat de Samuel Paty et les élections municipales en France sont les 3 évènements dont on a parlé comme il faut.
L’élection présidentielle américaine a été bien traitée à 60%, contre 44% pour l’épidémie de Covid-19, 38% pour les violences faites aux femmes et seulement 30% pour le dérèglement climatique et ses conséquences. Concernant le traitement médiatique de la crise du coronavirus, 73% des Français estiment que les médias ont donné trop de place à des gens qui ne sont pas spécialistes du sujet. 66% pensent que les médias ont dramatisé les événements mais 64% jugent qu’ils leur ont permis de bien comprendre ce qu’il se passait. Dans le détail, 54% des Français ont eu le sentiment d’être mal informé dans les débats sur le chloroquine et 57% sur l’origine du virus et de l’épidémie. De l’autre coté, 90% estiment avoir été bien informé sur l’application des gestes barrières et du port du masque et 77% sur les règles touchant au confinement ou au déconfinement.
Fake news : Les réseaux sociaux suspectés
Concernant le jugement des Français sur la capacité des médias à répondre à leurs attentes, 84% des Français estiment que les médias qu’ils consultent le plus leur permettent de savoir ce qu’il se passe ailleurs dans le monde, 65% pour conforter leurs opinions et points de vue et 55% pour distinguer le vrai du faux. Selon le baromètre, ils estiment à 44% qu’ils sont confronté à des informations qui déforment la réalité ou qui sont fausses une fois par semaine ou plus, 63% plus d’une fois par mois - en hausse de 4 points. Les Français n’ont pas confiance dans les informations qui circulent sur les réseaux sociaux quand elles sont publié par un ami, à 66% (19% ont confiance, en hausse de 2 points), contre 47% quand elles proviennent d’un site d’informations d’un média (37% ont confiance - en hausse de 3 points).
Dans une table-ronde qui a suivi la présentation des chiffres du baromètre, Adeline François - présentatrice de la matinale de BFMTV et Estelle Cognacq, directrice de la rédaction de FranceInfo, ont défendu le traitement médiatique de la crise du coronavirus. Beaucoup trop ? « Mais le covid est partout dans tous les domaines », a estimé Adeline François. Pour Estelle Cognacq, « il y a également une grande demande d’information sur ce sujet-là ». Mais sur la chroroquine, « un certain nombre de médias sont tombés dans un travers en traitant cette question comme une polémique politique ce qui relevait davantage de la dispute académique et scientifique », a regretté le sociologue des médias Arnaud Mercier. « Il y a même eu des sondages ‘est-ce que vous pensez que l’hydoxycholoquine est efficace ?’ », s’est-il offusqué.
Vers de nouvelles écritures
Les médias ont dû faire face cette année a un « choc des temporalités », avec la recherche médicale qui demande un temps long, a expliqué Estelle Cognacq. Pour François Ernenwein, rédacteur en chef de La Croix, on assiste à un début de polarisation des opinions à l’égard des médias. Que peuvent faire les médias pour éviter une cristallisation, avec des médias qui ne s’adressaient qu’à une audience qui leur serait acquise ? « L’éducation est la réponse », selon Pascal Ruffenach, président du directoire du groupe Bayard. « Il faut se questionner, travailler sa propre orientation, sa singularité, sans pour autant être partial. Ne pas avoir une info standardisée, re-vérifier tout soi-même », a défendu Estelle Cognacq. Pour François Ernenwein, « il faut installer des récits » et pour Arnaud Mercier « plus de diversité avec une dimension info-service ».
Tous les acteurs semblent d’accord pour travailler sur de nouvelles écritures. De la rubrique « BFM vous répond » - lancée pour le coronavirus et conservée pour traiter d’autre sujets - à des séries comme celle sur Jonathann Daval. « On est bousculé par ses plateformes », a raconté Adeline François, en citant la série documentaire sur DSK de Netflix. « Les journalistes ne manquent pas d’idées mais de moyens », selon Arnaud Mercier. « Une inventivité éditoriale - Les Jours, Live Magazine, Brut, Louie Media, à avoir aussi du coté économique », a conclu Pascal Ruffenach.