L’audiovisuel public en économies contraintes
80 millions € de moins pour France Télévisions, Radio France, l’INA, France Médias Monde, Arte et TV5 Monde
Les crédits prévus en 2025 par l'État pour l'audiovisuel public sont constants à 4 milliards d'euros, mais en-deçà de ce qui était envisagé, ce qui va être synonyme d'économies pour France Télévisions et Radio France notamment, engagées dans des transformations.
La dotation à ces deux entreprises, ainsi qu'à l'Ina, France Médias Monde (France 24, RFI), Arte France et TV5 Monde, est "stable" à 4,03 milliards d'euros, selon le projet de budget présenté jeudi. "Dans le contexte contraint de finances publiques, ces moyens s'inscrivent en-deçà de la trajectoire prévisionnelle", reconnaît le gouvernement. Le coup de rabot atteint environ 80 millions d'euros par rapport à la trajectoire présentée il y a un an. Ces 4 milliards sont également en-deçà des montants figurant dans les projets de contrats d'objectifs et de moyens (COM) pour 2024-2028, entre l'État et chaque entreprise (hors Arte). Du côté du ministère de la Culture, on minimise toutefois l'effort demandé : sur les 80 millions d'euros qui manquent, 40 millions d'euros sont décalés à 2026 car ils étaient consacrés à la mise en œuvre de la réforme de l'audiovisuel public, hypothéquée depuis la dissolution de l'Assemblée nationale, et les 40 autres millions devaient compenser l'inflation, qui s'annonce moins forte que prévu. L'effort "réel" demandé à l'audiovisuel public s'élèverait donc à 8 millions d'euros, a-t-on calculé rue de Valois.
Les priorités demeurent
Malgré cette "évolution maîtrisée des crédits", "les organismes s'attacheront à poursuivre la mise en œuvre des quatre priorités" que sont "la création et la culture, la jeunesse et l'éducation, l'information et la proximité", selon le gouvernement. Par exemple France Bleu et France 3 se rapprochent, et ont déjà mis en place des matinales communes. Comme pour 2024, une enveloppe est prévue "en complément" et sous conditions: 30 millions dédiés "à la mise en oeuvre des projets prioritaires de transformation en 2025". Elle sera versée notamment "en fonction de l'évolution des réflexions sur la gouvernance de l'audiovisuel public". Porté par la ministre de la Culture Rachida Dati, le projet d'une holding commune puis d'une fusion était sur les rails jusqu'à la dissolution en juin. La ministre prévoit des consultations pour envisager la suite.
Un « décrochage complet »
Plus urgente, la pérennisation du financement de l'audiovisuel public, par une fraction du produit de la TVA, sera à l'ordre du jour du Sénat le 23 octobre. Compte tenu de ces multiples enjeux, la députée écologiste Sophie Taillé-Polian, rapporteure pour avis sur les COM, voit dans le projet de budget 2025 une "fragilisation du service public de l'audiovisuel". "Il y a un décrochage complet" du financement par rapport à la hausse programmée dans les COM, correspondant pourtant à "des développements stratégiques", a-t-elle pointé à l'AFP. "Les objectifs restent les bons mais l'évolution des indicateurs peut être revue", plaide pour sa part la députée Céline Calvez (Ensemble pour la République), corapporteure pour avis.