Arte, ce « tiers de confiance dans un monde de défiance »
Arte a 30 ans. Et pour cette rentrée 2022-2023, la chaine franco-allemande se revendique plus que jamais « label culturel européen », véritable « tiers de confiance dans un monde de défiance », selon son président Bruno Patino. Alors, elle entend promouvoir dans sa nouvelle grille des formats de décryptage renouvelés avec pour ambition d'éviter « la fatigue informationnelle » du public dans un monde d'hyper-abondance médiatique, et une offre de documentaires et fictions clairement ambitieuse. L'émission hebdomadaire culte de la chaîne « Le dessous des cartes » la samedi soir, déclinée chaque semaine en « leçon de géopolitique » sur Arte.tv et YouTube ainsi qu'en atlas début octobre, se renforce avec le lancement d’un programme dédié de 3 minutes du lundi au jeudi à 20h50, après le magazine d'actualité d'Elisabeth Quin « 28 minutes », qui reste à l’antenne du lundi au samedi dès 20h. Mais ce format d'analyse cartographique va s'enrichir dès novembre d'une nouvelle déclinaison : « Le dessous des images », présenté par Sonia Devillers. Chaque jour à 19H30, elle analysera durant douze minutes une « image du temps présent » accompagnée d'Emmanuelle Walter, jusqu'ici rédactrice en chef d'Arrêt sur Images, et d'Emmanuel Poncet, ancien rédacteur en chef de GQ France. Une volonté de décryptage qui se traduira également par le lancement d'un journal télévisé en espagnol et en anglais dès cet automne sur la plateforme ou le magazine d'actualité du dimanche soir "27" présenté par Nora Hamadi.
Parmi les nouvelles fictions, à noter la première série du réalisateur italien Marco Bellocchio « Esterno notte » sur l'enlèvement en 1978 de l'homme politique Aldo Moro par le groupe d'extrême gauche Les brigades rouges. Audrey Fleurot incarnera aussi Nathalie dans « Esprit d’hiver », un huis clos qui joue sur les codes gothiques alors que Nicolas Duvauchelle et Niels Arestrup porteront « Les papillons noirs », l’histoire d’un romancier en panne d’inspiration s’appropriant l’histoire d’un couple de tueurs en série. Place aussi à « Countrymen » où trois islamistes s’installent dans une ferme en Norvège pour préparer une attaque terroriste et Helsinki Syndrome » qui voit un père de famille prendre en otage des journalistes pour qu’ils enquêtent sur des délits financiers dont ont été victime sa famille. « Trom », au Danemark, mettra en scène un journaliste qui devra enquêter sur un meurtre aux iles Féroé.
Côté documentaire, la série "Un monde nouveau" réalisée par Cyril Dion donnera à voir les solutions pour lutter contre les bouleversements climatiques alors que « Août 2021-Fuir Kaboul » reviendra sur l’arrivée des talibans au pouvoir en Afghanistan et le chaos qui en a résulté. « Le système Total » enquêtera sur la multinationale pétrolière tandis que « Le plafond de verre – L’invisible discrimination » reviendra sur cette barrière invisible à laquelle se heurtent les femmes dans l’avancée de leur carrière professionnelle. « Les années Super-8 » permettra à l’écrivain Annie Ernaux de tracer son histoire familiale à travers des films familiaux tournés par son propre père pendant des années.
Côté numérique, « nous investissons le jeu vidéo d’auteur », annonce Boris Razon, directeur éditoriale d’Arte. Place ainsi à « How to say good bye » ou « Fête famille » et « To hell with the ugly ». « Frankenstream, ce monstre qui nous dévore » partira quant à lui à la rencontre des père-fondateurs du stream tandis que « Canis Familiaris », fiction loufoque, mettra aux prises une meute de chiens chacun interprété par un humain dans un déguisement.
Bruno Patino a par ailleurs indiqué qu’il était « optimiste » quant au financement de sa chaine alors que la suppression de la redevance vient d’être votée. Il rappelle ainsi qu’Arte est le « fruit d’un accord entre deux nations » avec une « forte dynamique budgétaire allemande », tout en espérant ce « même dynamisme » côté français.
Bruno Patino, président d'Arte France