La pub et jeux d’argent : les jeunes de Seine-Saint-Denis sont conscients qu’il y en a « trop »
Il y a trop de publicité pour les jeux d'argent", estiment 82% des jeunes de 13 à 25 ans interrogés en Seine-Saint-Denis pour une étude rendue publique jeudi dernier, selon laquelle près d'un sur trois (32,2%) a déjà joué ou parié de l'argent.
L'enquête quantitative a été menée auprès d'un échantillon représentatif de 1.949 adolescents et jeunes majeurs habitant le département le plus pauvre de France métropolitaine, et neuf entretiens collectifs ont été réalisés auprès de 42 jeunes. Les trois quarts (75,9%) estiment eux-mêmes que les jeux d'argent et de hasard devraient être "moins disponibles voire interdits", et 82,9% sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle "les opérateurs de jeu (Winamax, FDJ, PMU, etc.) cherchent à rendre les joueurs accros". Jeux à gratter, loteries et paris sportifs sont les plus populaires. Mais l'auteur de cette enquête financée par le département, le sociologue Thomas Amadieu, souligne un résultat "frappant" : les adolescents (13-17 ans) expérimentent surtout les paris dans les jeux vidéo (type "loot boxes", boîtes à butin). "Les jeunes ont un regard critique sur les publicités mais déclarent que ça leur donne quand même envie parce que ce sont des célébrités, des influenceurs, qui disent qu'il est possible de gagner", dit M. Amadieu à l'AFP. "On accuse un certain retard en France. Les voisins européens - Espagne, Belgique, Italie... - ont agi pour interdire ou limiter la publicité pour les jeux d'argent", relève-t-il.
Si la part des jeunes concernés par une pratique de jeu particulièrement préoccupante n'est que de 2,7% de l'échantillon, cela pourrait représenter plus de 7.500 jeunes de Seine-Saint-Denis en projetant ces données. Cette minorité, dite des jeunes "vulnérabilisés", s'initie en moyenne à 14 ans. La plupart ont vu leur père ou leur mère jouer et sont issus de milieu précaire. Or selon l'étude, "près de la moitié est dans une situation d'endettement causée par le jeu". Le président socialiste du département de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, avait plusieurs fois dénoncé ces dernières années "le fait que les opérateurs sportifs utilisent des techniques marketing de plus de plus en plus agressives pour inciter les plus jeunes à dépenser de sommes considérables". Alors que le budget du sport est menacé par des coupes sévères en France, M. Troussel a mis en avant jeudi auprès de l'AFP "la proposition d'augmenter le plafond de la taxe sur les paris sportifs, d'abord pour financer la poursuite des programmes sportifs - y compris ceux hérités des Jeux olympiques".