Jean-Luc Chetrit (Union des marques) : travailler avec l’écosystème à la recherche de solutions collectives
CB News poursuit sa série d'interviews, à chaud, avec le témoignage de dirigeant(e)s d'agences sur la crise sanitaire et économique. Face à cette crise exceptionnelle, les réponses de Jean-Luc Chetrit, directeur général de l'Union des marques.
1) Comment réagissez-vous face à cette crise sanitaire ?
Nous nous sommes dans un premier temps assurés que tous nos collaborateurs avec leurs enfants et leurs proches s’étaient préparés à faire face à une longue période de confinement. Il ne s’agit pas ici de reproduire ce que nous avons pu mettre en œuvre pendant les grèves des transports mais d’inventer une nouvelle façon de vivre et travailler ensemble, de créer du lien par des video conférences quotidiennes ou par l’organisation de points personnels avec chacun.
2) Commencez-vous à mesurer l’impact financier ?
Dans de très nombreux secteurs de l’économie l’impact de cette crise est beaucoup plus brutal, massif et rapide que ne l’avait été la crise financière de 2008. Dans l’écosystème de la communication, des medias et des agences les chutes de chiffres affaires sont considérables comme par exemple l’évènementiel qui perd 100% de son chiffre d’affaires. Selon nos estimations les chaines de télévision pourraient par exemple avoir un manque à gagner de plus de 60 millions d’Euro par semaine. Le niveau inédit de perte de revenus lié aux difficultés en amont des entreprises ou par la difficulté pour les marques de continuer à annoncer dans un climat peu propice aux messages publicitaires réclame de la part de tous beaucoup de responsabilité et solidarité. Cela ne suffira pas. Nous appelons avec gravité les pouvoirs publics à prendre la mesure de la situation et à apporter un soutien de nature totalement exceptionnel dans les plus brefs délais.
3) Comment réagissent vos adhérents ? Reports de campagnes, changement de stratégies de communication... ?
Les marques sont confrontées à des situations incroyablement contrastées selon qu’elles opèrent dans des secteurs qui sont totalement à l’arrêt du fait de la fermeture de l’appareil productif ou distributif, ou en surchauffe au point de ne plus pouvoir répondre à la demande. Le point commun est l’arrêt, le report ou au mieux la réduction drastique de leurs campagnes de communication. Ajoutons à cela l’impossibilité de poursuivre la diffusion de campagnes qui avaient été développées avant le coronavirus et qui aujourd’hui choquent parfois le public. Il faut d’ailleurs que nous participions tous à un effort pour rappeler le caractère involontaire de ces diffusions qui peuvent paraître choquantes mais aussi, et c’est peut être dans ce contexte, le rôle indispensable des marques dans le financement de media indépendants et pluriels pour nous divertir et nous informer.
4) Quel peut et doit être le rôle de l'Union des marques dans cette crise?
L’Union des marques a décidé d’ouvrir ses services de façon exceptionnelle à toutes les entreprises adhérentes ou pas, petites ou grandes afin de les aider à trouver les réponses à toutes les questions qu’ils se posent sur la façon de faire face à cette crise par une hotline dédiée et des réunions régulières des 12 communautés d’experts (media, marketing, juridiques …), à former leurs collaborateurs en télétravail dans le cadre d’une « brand academy » dont le programme a été renforcé et rendu intégralement accessible à distance.
Mais l’Union des marques a aussi décidé de travailler avec l’ensemble de l’écosystème dans une démarche inédite de recherche de solutions collectives qui nous permettent de sortir de cette période plus responsables, plus solidaires et je l’espère plus forts car ce secteur va être essentiel au redémarrage de notre pays et à sa croissance durable.