Emmaüs s'en prend aux plateformes de seconde main
Emmaüs défend son modèle solidaire avec une campagne signée du tandem Havas Paris et Agence Verte. C’est un appel national qui revalorise le don d’objets en visant les plus jeunes générations qui ne connaissent pas toujours le modèle de seconde main solidaire inventé par le Mouvement Emmaüs. La riposte se nomme "EmmaUs". Pour s’adresser directement aux usagers des plateformes Vinted, leboncoin ou encore vestiaire collective. Les équipes web d’Emmaüs ont publié jeudi 16 mars au matin sur Vinted de vraies fausse annonces depuis le compte "Emma Us", spécialement créé pour l’occasion. Sur ces annonces, on peut voir, à défaut de pouvoir acheter, des vêtements sur lesquels un même message a été inscrit: "Si tu ne le portes pas, donne-le !". La signature détournée de Vinted...Les annonces resteront visibles le temps de l’opération dans le moteur de recherche et la page d’accueil de Vinted. Le dispositif de communication sera également déployé durant les prochaines semaines en campagne affichage, TV, radio, et digital. Des influenceurs et personnalités porteront également le message. Les destinataires de cette campagne sont invités à retrouver "l’Emmaüs le plus proche de chez eux" (sur emmaus-france.org/donner, avant de se diriger vers l’un des 500 points de collecte ou l’une des 23 000 bornes textile (Le Relais) présents en France. "Avec le don, nous pouvons toutes et tous devenir les actrices et acteurs d’une société plus sobre, plus respectueuse de l’environnement, plus solidaire" précise Emmaüs.
Depuis quelques années, l’émergence des plateformes de seconde main marchande prive Emmaüs de nombreux dons, et surtout de dons de qualité. Cette concurrence "fragilise sérieusement le modèle hérité de l’abbé Pierre et menace le projet social et solidaire des 300 structures Emmaüs en France. Chaque année, nous collectons plus de 320 000 tonnes d’objets divers et variés : vêtements,meubles, appareils électroniques, jouets...Ces derniers sont triés, réparés et vendus, et nous permettent de mener de nombreuses actions d’accueil, d’insertion,et de solidarité" précise encore le Mouvement Emmaüs. Avec le développement des sites de vente en ligne entre particuliers, les objets et les vêtements que "nous collectons sont moins nombreux, mais aussi de moins bonne qualité. À cela s’ajoute l’obsolescence des produits mis sur le marché. Résultat de cette baisse de qualité: nous ne pouvons plus vendre que 40% de ce que nous collectons, contre 60% il y a 20 ans. Ce sont donc plus de 64 000 tonnes, soit 64 millions de kilos d’objets et de vêtements en bon état que nous ne collectons plus ! . Autant d’objets qui ne sont plus proposés à la vente à des prix accessibles au plus grand nombre, et notamment à des millions de Français aux revenus modestes". Offrir à la fois une seconde vie aux objets et une seconde chance à des milliers de personnes-salariés en insertion, compagnes et compagnons Emmaüs -en leur proposant une activité. Emmaüs, c'est aussi du logement social, de l'hébergement d'urgence, de l’accompagnement dédié à des ménages en situation de mal endettement, des alternatives à l’incarcération, des projets innovants d’agroécologie, de réemploi ou de recyclage...Ainsi, ce sont chaque année plus de 70 000 personnes qui sont accueillies, hébergées, aidées ou accompagnées vers l’emploi grâce à Emmaüs. Par ailleurs, quand Emmaüs invite à plus de sobriété dans nos modes de consommation, les plateformes de seconde main ont, contrairement à l’idée répandue,un impact négatif sur l’environnement : elles favorisent la "re-consommation", la fast fashion, les surplus de production, le gaspillage, ou encore la multiplication des déchets...
Le cas en vidéo