Julien Villeret (EDF) "nous sommes entraînés à la continuité d’activité"
Appuyer sur un bouton. Et les avoir. La lumière, le chauffage, les watt pour toutes les machines...L'énergie, et ceux qui œuvrent pour nous l'apporter, on y pense peu d'ordinaire. Nous continuons notre série d'interviews, avec l'une des entreprises les plus vitales en ce moment. Julien Villeret, directeur de la Communication Groupe EDF, a répondu à nos questions.
1) C'est un défi, à taille gigantesque, pour EDF cette crise Également. Comment communiquez-vous ? En interne d'abord
Julien Villeret : c’est évidemment un défi, mais je dois dire que, si nous n’avions pas prévu cette crise, nous l’avions anticipée. Comme un certain nombre d’opérateurs d’importance vitale, nous sommes organisés pour faire face aux difficultés et entraînés à la continuité d’activité : c’est exactement ce qui se passe actuellement. Je suis impressionné par la résilience de nos grandes entreprises en France, la plupart sont restées opérationnelles sans dégradation majeure de leurs activités même si tout devient infiniment plus compliqué, bien sûr. Nos communications interne et externe restent comme souvent indissociables, a fortiori dans une période de confinement qui rapproche, parfois confond, les sphères professionnelles et privées. Nous avons fait le choix de ne pas créer de nouveaux canaux et outils et de maintenir au maximum les rites et rythmes. L’objectif est de ne laisser personne isolé. Cela veut dire s’assurer que tous les outils numériques sont opérationnels (nous comptons en moyenne sur chaque journée 70 000 connexions à distance simultanées sur nos serveurs), informer en continu les salariés et donner à voir leur dévouement incroyable en interne comme en externe. Dans une certaine mesure, nous organisons la porosité, pour montrer aux Français ce que nous faisons et montrer à l’interne combien le monde extérieur est fier d’eux. Et nous outillons au maximum le management avec des messages et FAQ pour qu’ils puissent soutenir efficacement leurs équipes, à la fois pour assurer la protection de la santé, l’efficacité dans la poursuite des activités et montrer de l’empathie pour chacun.
2) Pour vos clients qu'avez-vous mis en place en termes de communication ?
Julien Villeret : nous leur avons immédiatement écrit pour les rassurer : l’électricité va continuer à fonctionner, nous les accompagnerons en cas de difficulté de paiement et nous aiderons les TPE et PME à passer ce cap difficile en aidant leur trésorerie. Jean-Bernard Lévy, le Président, s’est également prêté au jeu des matinales radios pour rassurer les Français. Et depuis, nous limitons au maximum nos prises de parole à l’animation des canaux sociaux et aux sollicitions des journalistes qui veulent montrer la gestion de crise chez EDF et l’efficacité des équipes sur le terrain. Il n’est pas question dans cette période d’en faire « trop », nous souhaitons être « juste » et nous effacer derrière les soignants et ceux qui luttent contre la maladie. Le temps viendra où nous reprendrons nos prises de parole, en particulier publicitaires, commerciales comme corporate.
3) On ne s'en rend pas forcément compte, tant l'énergie est, pour la grande majorité des Français, une composante "quasi automatique" de notre confort. Est-ce le temps de nous rendre compte de la valeur de ce bien commun ?
Julien Villeret : les crises servent aussi à cela. Chaque évènement climatique hors-norme peut entraîner des coupures d’alimentation d’un quartier, d’une ville, d’un territoire. Ce n’est heureusement pas systématique, ce n’est pas toujours d’ampleur, mais il suffit d’être sans électricité quelques heures, pire quelques jours, pour se rendre compte combien notre vie est électrique. A chaque instant. Si cela s’avère tellement vital pour les consommateurs, cela doit aussi permettre d’avoir une pensée reconnaissante pour tous ceux qui produisent l’électricité, à chaque instant, en permanence, tempête ou pas tempête, coronavirus ou pas coronavirus. A l’heure où nous parlons, où toute une partie de la France est à l’arrêt, ce sont plus de quarante réacteurs nucléaires, nos barrages, nos parcs éoliens et solaires qui produisent pour la vie de tous, pour la survie économique de tous. C’est une immense fierté d’aider le pays, et tout particulièrement les vrais héros qui nous soignent, en alimentant les hôpitaux et tous les établissements de santé, en fournissant tous nos services énergétiques. Oui, l’électricité est vitale.
4) Avez-vous le sentiment que nos usages en matière d'énergie sont en train de changer ? Avec plus de raison par exemple.
Julien Villeret : je disais que notre présent est électrique mais rendons-nous bien compte que notre avenir l’est tout autant, sans doute même avec davantage d’acuité. Je ne veux pas de guerre des périls, l’heure n’est pas aux arbitrages entre tel ou tel péril. Plusieurs nous guettent et nous les connaissons tous : les personnels soignants sauront nous sauver de ce virus, de ce péril immense et immédiat qui concentre l’attention du monde entier. Mais n’oublions pas pour autant le péril climatique, lui aussi immense et l’affaire de tous. Dans quelques semaines et dès les prochains mois, Il ne s’agira pas de relancer la machine économique en produisant avec déraison et en ruinant tous nos efforts pour la décarbonation des énergies et donc de l’économie. La sobriété énergétique, la fin programmée des énergies fossiles et l’électricité produite quasi sans CO2, c’est évidemment notre avenir. Nos usages continueront d’évoluer en ce sens, l’enjeu sera de les accompagner le plus vertueusement possible.