L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer les community managers ?

Le métier de community manager enfin reconnu à sa juste valeur

Durant la pandémie de COVID-19, le métier de community manager a connu un essor considérable. Dans cette crise sans précédent, où la connexion sociale s’effectuait seulement en ligne, les communicants représentaient l’un des derniers liens entre les marques et leurs communautés. Grâce à cela, leur travail a enfin été reconnu à leur juste valeur et de nombreuses entreprises ne font désormais plus l’impasse sur ce poste important au sein de leurs équipes.

En effet, en quelques années, l'évolution du métier a été significative. Aujourd'hui, on parle d’un métier couteau suisse qui fait davantage que ce que suggère son titre : réflexions stratégiques, élaboration d’un calendrier éditorial, copywriting, création graphique, montage vidéo, influence... Suite à la crise sanitaire, on observe une transformation progressive du community management vers le content management, cumulant de multiples compétences et responsabilités dont l’utilisation d’outils basés sur l’intelligence artificielle.

 

Faut il avoir peur de l’intelligence artificielle ?

L'arrivée de l'intelligence artificielle soulève des questions légitimes quant à l'avenir du métier de community manager. Doit-on la considérer comme une menace pour celui-ci ?

Pas forcément. En effet, l'IA peut apporter un soutien précieux dans la réalisation de ses missions.

Elle peut assister dans la création de visuels (Photoshop, Canva), automatiser certaines actions et même optimiser les contenus grâce à un assistant rédactionnel qui permet de corriger/reformuler/traduire les posts à destination des réseaux sociaux (Swello). Les communicants gagnent ainsi en efficacité et productivité notamment avec des idées auxquelles ils n’auraient pas forcément pensé sans cette aide supplémentaire.

En outre, de plus en plus de contenus sont générés, en partie ou totalement via l’intelligence artificielle. On peut notamment citer la campagne d’affichage d’Undiz présentant des modèles créés de toute pièce par des intelligences génératives (Midjourney et Stable diffusion), portant les pièces de la marque sous l’eau.

On pense aussi à la fausse chanson de rap d’Angèle créée par Lnkhey sur YouTube qui rassemble aujourd’hui 11 millions de lectures ou bien encore les livres écrits entièrement via ChatGPT.

On assiste également à l’émergence d’influenceurs virtuels sur Instagram, comme Anne Kerdi, qui fait la promotion de la Bretagne via un avatar féminin plus vrai que nature.

Si ces nouveaux outils nous aident à devenir plus productifs, comment intégrer l'intelligence artificielle au sein de nos équipes sans dénaturer l'essence même du métier de community manager ?

 

L’intelligence artificielle : amie ou ennemie des communicants ?

Les innovations provoquent toujours de la peur et de la crainte. Il est crucial de remettre en question notre rapport aux nouvelles technologies dans le domaine de la communication.

Si leur potentiel est indéniable, il est impératif de les utiliser de manière réfléchie et responsable.

La désinformation est un risque majeur que nous devons prendre en compte. Je pense particulièrement aux deepfakes, ces fausses images polémiques, qui paraissent très authentiques, mais qui sont le fruit d’une création graphique via intelligence générative.

Pour moi, l'utilisation de l'IA pour créer du contenu nécessiterait une transparence totale. Des labels spécifiques devraient être apposés sur les contenus générés afin d'informer clairement le public. Meta travaille d’ailleurs sur l’étiquetage des images que les utilisateurs publient sur Facebook, Instagram et Threads en détectant une potentielle création ou modification artificielle.

Pour aller plus loin, nous pouvons nous demander quelle est la place de l’éthique dans tout cela. En effet, en utilisant des outils qui pourraient remplacer certains métiers tels que les rédacteurs ou les traducteurs, participe-t-on au déclin de ceux-ci ? Devons-nous vraiment les utiliser…?

Finalement, la cohabitation entre l'intelligence artificielle et les community managers est possible. Mais elle nécessite une réflexion approfondie sur les implications éthiques, sociales et professionnelles de cette évolution. Bien qu’il est techniquement possible de générer des visuels et rédiger automatiquement des textes pour les réseaux sociaux en quelques secondes, pour moi, les community managers restent des acteurs essentiels et incontournables de la communication digitale et leur expertise humaine demeure irremplaçable.