L’Etat mobilise les acteurs d'internet contre l'accès des mineurs à la pornographie
Fournisseurs d'accès à internet, équipementiers, réseaux sociaux et moteurs de recherche, mais quid des plateformes de vidéo pour adultes ? L'Etat appelle vendredi les acteurs du net à s'engager pour prévenir l'exposition des mineurs aux contenus pornographiques. Les professionnels d'internet sont invités à signer un protocole rédigé par les secrétaires d'Etat chargés de la protection de l'enfance Adrien Taquet et du numérique Cédric O.
Selon le protocole dont l'AFP s'est procuré un exemplaire, tous les signataires devront proposer au moins un outil gratuit ou des « solutions intégrées », activables par les parents, pour protéger les mineurs contre toute exposition à des contenus pornographiques. En novembre lors d'un discours à l'Unesco, le président Emmanuel Macron avait donné six mois aux « acteurs de l'internet » pour « mettre en place un contrôle parental par défaut » et avait réclamé que les sites pornographiques contrôlent l'âge de leurs visiteurs.
« Si dans six mois nous n'avons pas de solution, nous passerons une loi pour le contrôle parental automatique », avait dit le chef de l'Etat. Dans un communiqué, Orange a affirmé avoir signé le protocole « aux côtés des autres opérateurs mobiles » tout en précisant que « l'objectif (...) ne peut toutefois être atteint que si l'ensemble des acteurs de l'internet se mobilisent sur ce sujet ». Même constat du côté de la Fédération française des télécoms (FFT), également signataire : « depuis 2005 et jusqu'à aujourd'hui, seuls les opérateurs étaient engagés sur cette question. La nouveauté, c'est la volonté d'impliquer l'ensemble des acteurs du numérique », a déclaré à l'AFP son président Arthur Dreyfus.
Les hébergeurs et réseaux sociaux devront notamment proscrire les contenus à caractère pornographique dans leurs règles d'utilisation, tandis que les moteurs de recherche sont invités à empêcher l'achat de liens publicitaires à destination des mineurs pour des contenus pornographiques. Pour les plateformes les plus connues, ces règles existent déjà. Facebook, qui a confirmé à l'AFP être signataire, a indiqué que ses règles interdisent les scènes de nudité et d'activité sexuelles, pour les majeurs comme pour les mineurs. Google et sa plateforme de vidéos Youtube ont également déclaré avoir signé, ainsi que le moteur de recherche français Qwant.
Le chinois Huawei a aussi confirmé être « partie prenante du protocole » en tant qu'équipementier, producteur de contenus et éditeur logiciel. En revanche, beaucoup s'interrogent sur la position des plateformes pornographiques, principales portes d'entrée vers ces contenus en ligne, et qui n'étaient pas présentes lors des réunions préparatoires. « Cette charte est un point d'étape » vers l'engagement du président de la République, a déclaré Justine Altan, directrice générale de l'association e-Enfance.
« Il y a des insuffisances, notamment l'absence criante » des plateformes de contenus pornographiques », a-t-elle remarqué. Le protocole prévoit un comité de suivi qui se réunira au moins une fois par trimestre, ainsi que l'élaboration d'un « baromètre permettant de mesurer le niveau d'utilisation des mécanismes de contrôle parental ». Le gouvernement a expliqué à l'AFP vouloir attendre d'avoir réuni toutes les signatures avant de communiquer davantage.