X (ex Twitter) : le long été d'Elon Musk

Elon Musk veut supprimer sur X (ex-Twitter) la possibilité de bloquer des  messages

On ne peut jamais s'absenter très longtemps lorsqu'il s'agit des informations autour de X (ex Twitter) à la sauce Elon Musk. L'été n'aura pas dérogé à ce qui devient une règle. Quand X fait toujours et encore l'actualité. Florilège.

Le propriétaire de X (ex-Twitter), Elon Musk, a annoncé vouloir supprimer une fonction permettant de bloquer les messages émanant de certains comptes sur la plateforme, explique l'AFP dans un communiqué. "Block (bloquer) va être supprimé en tant que fonction, sauf pour les DM" a indiqué vendredi Elon Musk, faisant référence aux "direct messages" entre utilisateurs sur le réseau. Depuis le rachat de la plateforme en octobre, Elon Musk a toujours justifié ses modifications et changements par sa volonté d'y encourager au maximum la liberté d'expression - X a d'ailleurs vu ses recettes publicitaires s'effondrer, et ce, "en partie en raison de cet encouragement à toute forme d'expression, y compris haineuse, et au retour de comptes d'utilisateurs extrémistes", complète ce même communiqué. Selon le Centre pour la lutte contre la haine numérique (Center for Countering Digital Hate, CCDH), les messages de haine "fleurissent à nouveau" sur la plate-forme - ce que nie X qui a porté plainte contre le CCDH.

Rappelons-nous qu'Elon Musk a rouvert en décembre le compte de l'ancien président Donald Trump, banni début 2021 pour son rôle dans l'attaque contre le Capitole le 6 janvier de la même année. X a également rouvert le compte de Kanye West huit mois après sa suspension - le rappeur américain avait posté l'image d'une croix gammée entrelacée avec une étoile de David.

X est "proche de l'équilibre" d'après sa patronne, Linda Yaccarino

Linda Yaccarino, directrice générale de X depuis 2 mois, a assuré jeudi 10 août que la plateforme était "proche de l'équilibre" et qu'elle avait recommencé à embaucher pour se transformer en "application à tout faire", suivant la vision d'Elon Musk. Après des mois de réduction des coûts, celle-ci affirme avoir "la chance d'orchestrer la transition de la discipline budgétaire à la croissance. Et qui dit croissance, dit recrutements", a déclaré la dirigeante sur CNBC. Depuis qu'il a racheté Twitter fin octobre, le patron de Tesla a bouleversé la plateforme avec des licenciements massifs - il reste 1 500 employés sur 8 000 auparavant. "Selon toutes les mesures objectives, X est une plateforme plus saine et plus sûre qu'il y a un an", a-t-elle encore affirmé pour défendre la politique du service concernant les propos problématiques (désinformation, théories du complot, harcèlement, etc) - les marques Coca-Cola et Visa ont d'ailleurs fait leur retour sur la plateforme. 

L'AFP assigne X, ex-Twitter, en justice

Le mercredi 2 août, l'Agence France-Presse a assigné X en justice afin d'obtenir des éléments lui permettant de négocier une rémunération pour l'utilisation de ses contenus sur la plateforme. Ainsi, l'AFP "regrette le refus manifeste de Twitter, tout récemment renommée X, d'entrer en discussion pour mettre en oeuvre le droit voisin de la presse", indique-t-elle. L'agence a alors saisi le tribunal judiciaire de Paris en référé, "afin qu'il soit enjoint à Twitter de lui communiquer, conformément à la loi, l'ensemble des éléments nécessaires à l'évaluation de la rémunération qui lui est due".

Le droit voisin du droit d'auteur, étendu aux plateformes numériques en 2019 par une directive européenne, permet aux journaux, magazines et agences de presse de se faire rémunérer lorsque leurs contenus sont réutilisés sur internet par les grandes plateformes numériques, souvent via des extraits d'articles associés à une photo. Après une longue bataille judiciaire, plusieurs médias français et européens, dont l'AFP, ont obtenu à partir de 2021 et 2022 une rémunération pour l'utilisation de leurs contenus auprès de Google, dont les montants sont restés confidentiels. Certains éditeurs sont également parvenus à un accord de licence pour l'utilisation de leurs contenus avec Facebook. En juillet, Le Monde, Le Figaro et Les Echos-Le Parisien ont assigné en référé Twitter pour des raisons similaires. "L'AFP continuera à mettre en oeuvre, auprès de chacun des opérateurs concernés, les moyens juridiques nécessaires pour parvenir à un juste équilibre dans le partage de la valeur de l'information", poursuit l'agence dans son communiqué. Des discussions avec Facebook sont en cours, tandis que la négociation avec les autres plateformes (LinkedIn, TikTok) a été confiée à la Société des droits voisins de la presse, un organisme de gestion collective chargé de collecter et de répartir les sommes obtenues entre ses membres.

X attaque une organisation de lutte contre la haine en ligne

Par ailleurs, X a assigné devant la justice fédérale américaine une organisation de lutte contre la diffusion de contenus haineux en ligne, l'accusant de "mener une campagne de dénigrement injustifié contre le réseau social", affirme l'AFP dans un communiqué. Le Center for Countering Digital Hate (CCDH), association britannique qui dispose d'une antenne aux États-Unis, a réfuté ces allégations et taxé X d'"intimidation".

Depuis la prise de contrôle de X par Elon Musk en octobre, le CCDH a publié plusieurs études critiques de la gestion de la plateforme - il affirme que plusieurs comptes diffusant des messages anti-LGBTQ "génèrent des millions de dollars de publicité sur le réseau social, augmentant ainsi les revenus de la plateforme". Il a souligné qu'aucune sanction n'avait été prise contre des dizaines de comptes "validés", c'est-à-dire ayant reçu la marque bleue distinctive, qui publiaient des contenus antisémites, racistes et à caractère haineux à l'égard de la communauté LGBTQ.

Pour X, le CCDH "déforme" sciemment la nature des contenus postés sur la plateforme et "donne l'impression qu'un petit groupe d'utilisateurs (...) submergent les réseaux sociaux de contenus néfastes", selon le document déposé le 31 août devant un tribunal fédéral de Californie. La société de San Francisco reproche aussi au CCDH de s'être "procuré des données relatives à X sans autorisation". Elle fait valoir que l'organisation "prend les apparences d'un organe de recherche", alors qu'elle n'en est pas un, selon X, et laisse entendre qu'elle pourrait être financée par des gouvernements et des intérêts étrangers. X demande à la justice d'interdire au CCDH d'accéder à des données de sa plateforme et de les utiliser.

Elle sollicite également des dommages et intérêts d'un montant non précisé, indiquant que les publications de l'organisation ont poussé certains annonceurs à renoncer à acheter des espaces publicitaires sur le réseau social. Cette action "est une tentative évidente de faire taire la critique sincère" du fonctionnement de X, ont écrit les avocats du CCDH dans une lettre transmise à la plateforme et publiée sur son site. "Cette approche ne pourrait pas être plus contraire à l'engagement de respecter la liberté d'expression vanté par les dirigeants actuels de Twitter (X)", ajoutent-ils, en référence au discours d'Elon Musk, qui se présente en défenseur de la liberté de parole.

L'application TweetDeck désormais payante

Mardi 15 août, l'application TweetDeck est devenue payante - les utilisateurs de la plateforme X (anciennement Twitter) étant redirigés vers une offre d'abonnement quand ils tentent d'y accéder. En effet en juillet, X avait annoncé qu'elle réserverait à ses comptes "vérifiés" cette application permettant de suivre par colonnes, sur un onglet internet, l'activité des comptes que l'on suit, ses messages privés, des listes de comptes, les tweets contenant certains mots, etc. Créée par des développeurs indépendants de Twitter, l'application avait été rachetée par le groupe américain en 2011 pour un montant alors estimé par la presse spécialisée à peu plus de 40 millions de dollars - pour y avoir droit, il faut à présent être abonné à X Pro. Aux États-Unis, ce service est offert pour 84 dollars pour un an.

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