David Jones : « Avec Jellyfish, Brandtech complète son offre digitale mondiale »
Le groupe Brandtech a annoncé hier l'acquisition de 100 % de Jellyfish, groupe international de médias et de marketing digital. L'opération crée ainsi le premier groupe de marketing exclusivement numérique au monde, avec plus d’un milliard de dollars de revenus, plus de 7 000 employés, travaillant pour huit des dix plus grands annonceurs mondiaux et 49 des 100 plus grands annonceurs. Le fondateur, Rob Pierre est nommé président non-executif de Jellyfish tandis que Nick Emery, partenaire fondateur et PDG de Brandtech Media, devient PDG de Jellyfish. Rencontre avec le fondateur de Brandtech et July Hardy, Partner France, pour commenter cette opération.
CB News : Le rachat de Jellyfish vous permet-il de compléter une pièce manquante de l’organisation de Brandtech ?
David Jones : Tout à fait. Nous avons créé l’entreprise en 2015 (sous le nom de You & Mr Jones, NDLR) avec l’idée que l’on pouvait faire du marketing plus rapidement, moins cher et plus efficacement grâce à la technologie. Nous voulions être les meilleurs pour connecter les contenus, les données et les médias avec la tech pour des grandes marques mondiales. Au fur et à mesure nous avons acheté des entreprises en forte croissance avec des modèles disruptifs qui résolvaient les problèmes de nos clients. Nous sommes très forts en contenu, en data et il nous manquait du digital media. Nous avons donc lancé une recherche pour compléter notre dispositif.
Julie Hardy : La genèse de l’histoire, c’est que nous avons rencontré Jellyfish dès 2016. Ça a donc été une longue conversation, un peu discontinue. Et la raison pour laquelle nous l’intégrons dans notre organisation, c’est qu’en termes d’offre média et d’offre marché, elle est absolument unique. Jellyfish couvre quarante pays dans le monde ce qui est essentiel pour nous qui servons de gros clients ayant des besoins d’accompagnement à l’international. La seconde caractéristique de Jellyfish - et c’est un avantage concurrentiel déterminant — c’est qu’ils ont réussi à desiloter totalement contenu, média et même e-commerce. Ils ont un système qui s’appelle le One Jellyfish et qui fonctionne sans silo en étant totalement au service du client. La culture de la boîte et sa culture totalement adaptée au monde des plateformes avec lesquelles elle a noué des partenariats est évidemment essentiel. Enfin, une affinité de culture a achevé de nous convaincre. Nous avons quand même regardé 1 200 entreprises depuis le début. Fimalac (qui était le propriétaire de Jellyfish) devient un actionnaire de Brandtech Group.
David Jones : Outre son modèle One Jellyfish, ce qui nous a intéressés, c’était surtout le seul acteur indépendant qui était mondial.
CB News : Cette acquisition vous fait aussi passer un cap en termes de tailles ?
David Jones : En effet, avec Jellyfish nous dépassons le milliard de dollars de chiffre d’affaires, nous travaillons avec 8 des top 10 annonceurs dans le monde, 49 des top 100 et on emploie plus de 7 000 personnes au total. Quand on pense qu’en juin 2015, il y avait Jean-Marc Antoni et moi, on peut dire que c’est allé assez vite.
CB News : Avec une telle taille, Brandtech groupe n’est pourtant pas très connue ?
David Jones : Pas en France en effet, mais elle est très suivie dans les pays anglo-saxons sur lesquels nous avons plutôt concentré nos efforts de communication jusqu’à présent. Mais avec cette acquisition et compte tenu du fait que nous avons déjà plusieurs centaines de personnes, nous allons devenir plus visibles en France qui va devenir notre troisième marché avec cette acquisition.
Julie Hardy : La France est aussi un marché clé avec des leaders mondiaux avec notamment des industries qui sont à la pointe de l’adoption de nouvelles technologies comme le luxe, la beauté et l’automobile. L’acquisition de Jellyfish marque une accélération significative du groupe en France parce que cela complète notre portefeuille et que ce sont 350 personnes en plus et des savoir-faire que nous n’avions pas auparavant. Et, c’est peut-être le plus important, cela correspond exactement à la vision que nous avons de Brandtech depuis le début qui est de réconcilier le contenu, la performance du contenu, le média et l’e-commerce.
CB News : Après cette acquisition, que manque-t-il à Brandtech pour continuer à grandir ? Allez-vous investir dans l’IA ?
David Jones : L’IA est à l’origine de Brandtech dont le projet était de promouvoir des « machine generated content ». Et pour être honnête, en 2015, tout le monde s’est moqué de nous ! Aujourd’hui, ils se moquent un peu moins. Heureusement, nos premiers investisseurs qui ont investi 300 millions de dollars nous ont pris au sérieux. Et nous avons fait beaucoup d’acquisitions, notamment dans l’intelligence artificielle. En 2016, nous avons investi dans Automat qui fait des chatbots AI, en 2017, j’ai rejoint l’AI Foundation, on a investi dans Elsy qui fait du media planning avec de l’IA, CreativeX en 2022. Nous faisons en moyenne une acquisition par an, et nous risquons de dépasser ce rythme cette année… On n’a pas découvert l’IA en décembre 2022 avec Chat GPT 4. Il y a beaucoup de gens qui parlent de ce qu’ils vont lancer, nous, on le fait depuis sept ans.