''Redonner au Grand Prix de la Communication Extérieure son lustre'', Matthieu Elkaim
Matthieu Elkaim, le président du jury du 44ème Grand Prix de la Communication Extérieure, commente les résultats, défend ses choix et plaide pour plus de beauté dans les rues.
Réuni à Hambourg en Allemagne du 8 au 10 février, les créatifs, les afficheurs, les bloggeurs et les journalistes, ont assisté "aux plus longues délibérations dans les annales du Grand Prix" précise Jean-Charles Decaux, président du GPCE, "12 heures ! ". Tout de même. Matthieu Elkaim (BBDO), président du jury, explique la direction qu'il entend donner à l'exercice. Nommé pour trois ans, il lui en reste deux pour y arriver.
Vous avez dit "une bonne affiche, c'est un ace entre les deux yeux". Avez-vous la sensation d'avoir arbitré un beau match ?
"Oui. Ces prix récompensent ce qui se fait de mieux, ce qui est au-dessus du lot [pour le palmarès 2018, c'est ici]. On a salué la créativité, l'audace, la diversité et parfois la beauté. L'outdoor, c'est le média de l'impact par excellence. Je plaide pour davantage de belle créativité dans les rues. C'est le minimum qu'on puisse faire en s'incrustant dans le paysage. J'ai bien-sûr regretté qu'il n'y ait pas davantage de dispositifs digitaux dans la sélection. Je pense qu'on peut encore plus s'amuser avec les écrans et ne pas seulement proposer des images qui bougent ".
Le "touche-touche" entre McDonald's (ouverture jusqu'à minuit ou plus) et Intermarché (les "vrais faux légumes") vous a-t-il surpris ?
"Pas véritablement. Ce sont deux campagnes remarquables. McDonald's est un "ace". Dans la pure tradition de l'affiche dans ce qu'elle a de plus fort. De plus immédiat. C'est un Grand Prix mérité et incontestable. La campagne Intermarché, fait, elle, partie d'une stratégie plus globale pour mieux s'alimenter. Cette campagne d'affichage est une étincelle qui a allumé d'autres médias. Nous avons salué ici l'audace".
Nouveauté cette année, le Grand Prix de l'affiche de cinéma, attribué à "Grave" de Julia Ducournau. Avec comme coprésident du jury de ce prix, Laurent Lufroy, le créateur d'affiche.
"Je suis cinéphile. Il n'y aujourd'hui plus rien en France, qui célèbre ce type de création. JC Decaux et les césars ne les récompensent plus. J'avais très envie de célébrer cet art avec Laurent Lufroy, l'un des affichistes les plus célèbres de sa génération (on lui doit les affiches de Léon, Nikita, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain, The Artist ou encore Love de Gaspar Noé). L'exercice de l'affiche de cinéma devrait tous nous inspirer dans la publicité".
Le GPCE en 2019 ?
"J'aimerais inscrire ce prix dans la course des Prix qui comptent pour notre industrie. Nous allons travailler à créer des sous-catégories pour la catégorie craft par exemple (meilleure photo, illustration, rédaction etc.). La communication extérieure, très en prise, avec la vie des gens, comme moyen d'information et de communication, mérite de retrouver son lustre."