Alban Pénicaut (Brainsonic) "les publicitaires sont loin d'être les premiers de cordées. Ils ne sauvent personne"
C'est la cinquième semaine de confinement. CB News, au delà de l'endurance, continue d'informer. Nous poursuivons notre série d'interviews, débutée le 17 mars, avec aujourd'hui le témoignage d'Alban Pénicaut ,directeur de la création, de l'agence Brainsonic.
1) Comment y arrivez-vous ? ou pas ? A travailler, à inspirer, à créer ?
Alban Pénicaut : nous faisons des AR incessants entre Teams, Zoom, What’s app, messenger, insta, les dictées de la maîtresse, skype, mail, les semis de radis, Slack, le téléphone, le lave-vaisselle… Et on se fait un call avec l’équipe créa tous les matins. Nous avions déjà l’habitude du télétravail, des réunions à distance, d’ailleurs l’agence est au taquet sur les événements live sur le net en ce moment. Mais là, c’est un rythme nouveau ! Il faut donc s’adapter, c’est ce qui peut être excitant. Mais dans un contexte qui lui, n’est évidemment pas excitant. Des personnes meurent et leurs proches ne peuvent pas assister à leur enterrement. A-t-on déjà connu ça ? Les publicitaires sont loin d'être les premiers de cordées. Ils ne sauvent personne. Alors nous essayons de divertir, au mieux de rendre service. En essayant de trouver le ton juste et en toute humilité nécessairement.
2) Avez-vous "trouvé" de nouvelles sources d'inspirations ?
Alban Pénicaut : on dirait que ce sont la faune et la flore qui ont trouvé de nouvelles sources d’inspirations depuis que nous - les sapiens - sommes en cage. (Voir les nombreuses actu avec souvent en titre « la nature reprend ses droits »). Entre cette observation et les élans de solidarité qui naissent un peu partout, il y a certainement une nouvelle forme de cohabitation qui est inspirante, oui.
3) Qu'est-ce qui vous manque le plus dans la pratique de votre métier ?
Alban Pénicaut : "Ah ah
-Pourquoi vous riez ? Vous vous foutez de moi?
-Mais non, c’est sa blague.
-Quelle blague ??
-T’as pas du entendre. C’est à cause de ta connexion.
-Hein ?? Pardon. J’ai pas entendu ce que tu as dit, on a été coupé… Tu peux répéter ?"
Ce qui peut donc manquer, c’est de se voir en vrai. Pas facile de préparer demain quand on est en 56k.
4) L'imaginaire est libre lui : où va le vôtre si vous deviez créer une campagne pour une marque imaginaire ?
Alban Pénicaut : c’est à ce jour Gaïa, notre planète et son département environnement qui ont le plus de choses à dire. Imaginons la planète terre, comme si elle était une entreprise, et un mastodonte de l’industrie mondiale. Un capital colossal et une trésorerie à faire pâlir Apple, une dream team au comex, des milliers de collaborateurs affutés dans le monde, un système juridique juste et imparable… Et cette entreprise proposerait des produits et services de fou : de la nourriture, de l’énergie, des loisirs innombrables…Mais plutôt que de pouvoir puiser gratuitement dans ses ressources (que je sache, on ne paye pas la planète pour lui prendre son pétrole), elle les vendrait. Tous ces produits et services seraient alors monétarisés. Pour chaque sol vierge foulé ou aide de la couche d’ozone à filtrer les UV pour parfaire votre bronzage allongé sur des millions de grains de sable mis à votre disposition (par exemple), l’entreprise Gaïa, comme toute entreprise, ferait payer une taxe, échangerait ses produits ou services contre de l'argent, introduirait la reforestation en bourse...L’entreprise Gaïa aurait donc un budget com’ inouïe. Et ses prises de paroles seraient innombrables et très inspirées. Quel annonceur génial pour les créatifs beatniks comme moi.