Jean Valentin (Extreme) : « vient maintenant le temps de la mobilisation »
Résilience nationale ... Nous sommes dans la troisième semaine de confinement. CB News, comme vous, a intégré une certaine forme d'endurance. Nous continuons notre série débutée mardi 17 mars. Saison 3 avec le témoignage de Jean Valentin, CEO et fondateur de l'agence Extreme.
COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS FACE À CETTE CRISE SANITAIRE ? POUR VOS SALARIÉS ? VOS PARTENAIRES, ET NOTAMMENT LES FREELANCES ?
Je considère que cette crise est un tsunami. Nous avons découvert son ampleur progressivement depuis Janvier, comme si chaque jour on descendait d’un cran. Pour arriver aujourd’hui à une situation surréaliste : qui aurait pu imaginer que les avions ne voleraient plus, que Orly serait fermé, que les JO, le Tour de France, l’Euro seraient annulés ? Que 3 milliards de gens dans le monde seraient en confinement … ? Alors oui, d’un côté, nous avions anticipé en achetant 70 laptop dès Février pour permettre à nos créatifs de travailler de chez eux , en préparant les infrastructures du réseau pour accepter 180 Extremiens travaillant à distance. Nous y étions préparés car nos clients dans le secteur du Luxe et des cosmétiques ont été impactés dès Janvier par la Chine. Mais franchement, jamais nous n’avions imaginé que cette crise serait aussi brutale et profonde. Et ceux qui affirment en avoir anticipé l’ampleur, post rationalisent.
Concrètement notre première action a consisté à mettre Extreme « hors d’eau » du point de vue sanitaire, financier et fonctionnel. Je considère qu’aujourd’hui l’objectif est atteint : aucun Extremien n’a développé la forme grave de la maladie, nos mesures et notre trésorerie nous permettront de tenir plusieurs mois avec un business très dégradé et les 180 collaborateurs d’Extreme sont connectés et capables de répondre aux demandes des clients. Vient maintenant le temps de la mobilisation : pour notre organisation, pour nos collaborateurs, pour nos partenaires, pour nos clients. En un mot, la mobilisation générale pour assurer la pérennité d’Extreme, quel que soit le scénario à venir de cette crise.
COMMENCEZ-VOUS À MESURER L'IMPACT FINANCIER ?
Oui, nous commençons à faire de multiples scenarios. Sans être réellement capables d’en privilégier un, Extreme est présent sur plusieurs métiers : l’événementiel a été touché le premier et toutes nos opérations jusqu’à juillet ont été annulées. La communication de réseaux commerciaux souffre aussi beaucoup. Le Luxe dépend de l’Asie, qui redémarre très lentement. Le packaging tient encore, mais nous ne savons pas pour combien de temps. A l’inverse, nous sommes très sollicités sur la communication de crise et de transformation. Bref, l’impact sera très fort sur l’année 2020, mais impossible d’en mesurer l’ampleur, tellement le futur est incertain. Une conviction : cash is king, car c’est ce qui nous permettra de tenir jusqu’au moment où l’activité reviendra à des niveaux comparables à ceux d’avant la crise.
COMMENT RÉAGISSENT VOS CLIENTS ? REPORTS DE CAMPAGNES, CHANGEMENT DE STRATÉGIES DE COMMUNICATION ? ETC.
Cela dépend vraiment de la taille des entreprises et des secteurs d’activité. Les groupes mondiaux ont été impactés via la Chine dès le début de l’année, mais les autres régions du monde leur servaient de caisse de compensation. Là, cela devient bien plus problématique car tous les pays du monde sont progressivement touchés. L’industrie du luxe a été la première impactée, puis l’événementiel, puis le retail. Nos clients, les plus solides et les plus structurés, préparent l’après crise. Avec une ferme volonté de mettre à profit ses enseignements, dont notamment l’utilisation accrue de nouvelles technologies : accélération du e-commerce, travail en réseau, etc. Mais au final, personne ne sait. Et cela se traduit forcément par une certaine forme de fébrilité.
SELON VOUS, COMMENT POUVEZ-VOUS ÊTRE UTILE - VOTRE AGENCE ET VOTRE SECTEUR - À LA SOCIÉTÉ EN CE MOMENT ?
Chez Extreme, nous n’avons ni médecin, ni capacité à fabriquer des masques et des gels hydroalcooliques. En revanche, nous pouvons agir à court terme en densifiant nos relations avec nos interlocuteurs quotidiens chez nos clients, en sortant de la relation commerciale habituelle, en les écoutant, voire les rassurant. Le confinement place certains d’entre eux dans une situation d’isolement avec son cortège d’angoisses. Nous devenons des communicants psychologues !
A plus moyen terme, nous aurons un rôle à jouer dans l’accompagnement de nos clients dans leur recherche de sens, pour leur entreprise, leur marque mais aussi pour eux, personnellement. Nous faisons un métier de sciences humaines. Peut-être serons-nous les mieux « capés » pour accompagner nos clients dans cette nécessaire réinvention ?