Hugues Cazenave (OpinionWay) : « une accélération et un approfondissement de tendances préexistantes »

cazenave

Résilience nationale ... Nous sommes dans la troisième semaine de confinement. CB News, comme vous, a intégré une certaine forme d'endurance. Nous continuons notre série débutée mardi 17 mars. Saison 3 avec le témoignage de Hugues Cazenave, fondateur et président du groupe d’études et de sondages OpinionWay.

Après la stupéfaction, comment va OpinionWay après ces 15 jours de confinement ?

Difficile dans cette période tragique de répondre « tout va très bien merci », mais honnêtement OpinionWay s’en sort plutôt bien à date. Nous avons très tôt fait basculer la totalité de nos collaborateurs en télétravail, à la fois pour les protéger au maximum et pour assurer une continuité totale de l’activité. Cela n’a pas été très compliqué à implémenter grâce à la forte culture digitale de l’entreprise. Nous sortons de 15 jours d’activité normale en production et réalisé un mois de mars correct. En revanche nous recevons moins de briefs et moins de commandes pour avril et mai… Et nous continuons de faire notre métier, aussi bien en études marketing (avec le lancement d’une étude en souscription sur les nouveaux modes de consommation food en confinement) qu’en opinion (avec notre rolling quotidien publié avec Square dans Les Echos sur les français face au Covid 19).

Vos process, vos clients… Tout était à revoir ? Une gageure ?

Ce qui m’a frappé, et même ému, c’est l’extraordinaire capacité de réaction des collaborateurs d’OpinionWay, leur réactivité, leur engagement et leur capacité à s’adapter à cette crise. Nous interagissons entre nous et avec les clients en permanence, au travers de plusieurs plateformes, et nous gagnons même en rapidité d’exécution. Du côté de nos clients, l’un des effets positifs (car il y en a tout de même …) est l’accélération de la transformation digitale. Je pense notamment aux études qualitatives qui ces dernières années s’étaient digitalisées moins vite que les études quantitatives du fait de réticences et de résistances chez certains clients. Ils se sont vus contraints de nous commander du quali online (les focus groupes en salle devenant impossibles) et ils en sont ravis !

Nous avons enfin lancé deux nouvelles offres parfaitement adaptées à la période inédite que traversent nos clients : une enquête omnibus online quotidienne auprès de 1 000 personnes (qui était seulement hebdomadaire avant la crise) et une communauté online de 100 foyers interrogeable en permanence sur n’importe quel sujet et n’importe quelle problématique.

Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier d’une telle crise ?

Trop tôt pour y voir clair je pense. Ce qui est certain, c’est que les semaines à venir seront moins chargées en activité, mais tout dépendra de la rapidité et de l’ampleur de la reprise. Je suis un entrepreneur et reste donc optimiste ! Notre chiffre d’affaires pâtira probablement de la congélation actuelle de l’économie, mais peut-être moins que d’autres du fait de la belle dynamique de croissance que nous connaissons depuis quelques années.

Quand et comment sortir par le haut d’une telle situation ? C’est quoi le monde d’après ?

Ce serait prétentieux de prédire avec précision ce que sera ce monde d’après. Mais ce qui apparait dans nos enquêtes actuelles, c’est l’anticipation non pas d’une révolution, d’une transformation radicale et entièrement nouvelle par rapport aux pratiques du monde d’avant, mais plutôt une accélération et un approfondissement de tendances préexistantes. Un seul exemple : depuis longtemps déjà, nos clients nous demandent des études plus rapides, moins chères et plus opérationnelles. Avec cette crise, cette demande de « faster, cheaper & better » s’est littéralement exacerbée. D’où nos nouvelles offres quotidiennes à prix serré. Accélération plus que révolution donc … Avec la reprise, les marques et les décideurs économiques auront besoin de mieux comprendre ces transformations, d’évaluer celles qui seront durables et les autres qui n’auront duré que le temps d’une crise. Les études ont donc encore de beaux jours devant elles !

À lire aussi

Filtrer par