Pascale Azria (SCRP) "le besoin d’information est encore plus prégnant"
Pascale Azria, présidente du Syndicat du Conseil en Relations Publics - le SCRP - et directrice générale associée de Kingcom, participe à notre série d'interviews, à chaud, de représentants du secteur. Voici ses réponses.
1) COMMENT RÉAGISSEZ-VOUS FACE À CETTE CRISE SANITAIRE ? POUR VOS MEMBRES ? VOS PARTENAIRES ? Qu'avez-vous Mis en place ?
Pascale Azria : face à cette situation exceptionnelle, le premier enjeu est de renforcer le lien et les échanges avec tous les acteurs de notre filière. Ainsi, nous sommes en dialogue avec l’AACC et en soutien avec Lévénement. Et nous discutons bien sûr avec l’Union des marques. Nous participons également à la forte mobilisation des agences PR dans le monde via l’ICCO (International Communications Consultant Organisation). Tous les membres du SCRP ont à cœur de partager leur expérience et de se soutenir les uns les autres. Nous avons mis en place des réunions avec nos membres, et aujourd’hui, l’un de nos adhérents nous a remercié en disant : « c’est dans des temps comme cela que ma participation à un syndicat prend tout son sens ». Oui, nous collectons et relayons des informations sur la crise actuelle et partageons les bonnes pratiques... Partager, échanger dialoguer est essentiel. Aujourd’hui, nous ne sommes plus des concurrents, mais des pairs unis dans la volonté de défendre notre industrie, nos entreprises, nos employés, nos clients. Pour nos entreprises membres, la première responsabilité concerne leurs équipes. L’enjeu est d’assurer un dialogue constant avec ses collaborateurs, de les informer sur la situation et les mesures mises en place. Les mesures pour les protéger tout d’abord, avec un télétravail généralisé pour tous les collaborateurs et le maintien de l’activité de l’agence. Nous maintenons le dialogue avec ses clients également et demeurons à leur écoute afin de leur apporter le conseil et l’accompagnement qu’ils attendent, particulièrement en temps de crise. Enfin, il ne faut pas oublier tous nos partenaires et prestataires. Il s’agit de maintenir une relation de confiance, d’être aussi loyal que possible en ces circonstances.
2) COMMENCEZ-VOUS À MESURER L'IMPACT FINANCIER ?
Pascale Azria : si nous le pressentons tous comme considérable, l’impact financier est pour l’instant très difficile à mesurer. L’enjeu financier concerne, pour l'heure, surtout la trésorerie de nos agences. Tout d’abord car il ne touche pas toutes les agences de la même façon, ni sur la même temporalité. Cela dépend pour beaucoup des expertises proposées par les agences et les secteurs d’activités couverts. L’événementiel est bien entendu touché le plus durement et brutalement : l’arrêt d’activité est immédiat. Les relations médias continuent, car les médias maintiennent leur activité. Le besoin d’information (mais aussi de divertissement) est d’ailleurs encore plus prégnant en ces temps de confinement. Idem pour la communication digitale et le marketing d’influence. La communication de crise se porte bien. Mais si l’incitation à décaler les actions est forte, les organisations ont compris qu’elles doivent maintenir leur connexion avec leurs publics. Celle-ci devant revêtir de nouvelles formes. Innovation, créativité… C’est en ces circonstances que notre rôle conseil prend encore plus de sens.
3) COMMENT RÉAGISSENT VOS CLIENTS/MEMBRES ? REPORTS DE CAMPAGNES, CHANGEMENT DE STRATÉGIES DE COMMUNICATION ? ETC.
Pascale Azria : soulignons ici les choses positives que nous observons. Toutes les agences remarquent un esprit général de cohésion. Saluons tout d’abord nos équipes et nos collaborateurs qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, qui s’adaptent à la situation et leurs contraintes personnelles (travailler de chez soi, avec des enfants à la maison…) avec brio et engagement. Nos clients font de même pour ensemble rivaliser d’ingéniosité et de créativité pour maintenir l’activité et assurer la continuité. Il y a, et il y aura, des décalages de campagnes si elles ne sont pas appropriées à la situation. Mais surtout nous constatons de l’adaptation. Nous sommes des vigies, en connexion avec l’évolution du monde et nous sommes donc, dans des périodes de fortes perturbations, aux premières loges pour accompagner les organisations et les marques. Ceci afin de décrypter, analyser, voir anticiper les changements qui s’opèrent et conseiller sur la juste manière d’y prendre part.
4) SELON VOUS, COMMENT POUVEZ-VOUS ÊTRE UTILE - VOTRE SYNDICAT ET VOTRE SECTEUR - À LA SOCIÉTÉ EN CE MOMENT
Pascale Azria : plus globalement, les PR se mobilisent aux côtés des marques et des organisations, les conseillent et les accompagnent dans la crise, pour anticiper. Elles peuvent même inventer l’après. Le monde « nouveau », les nouveaux comportements et usages qui vont naître de ce chaos. Alors oui, nous sommes là plus que jamais à l’œuvre.