Pascal Viguier (Curius) "on compte sur ce qu’on a en magasin"
Nous confinons encore sagement ensemble. Et continuons nos entretiens matinaux avec aujourd'hui Pascal Viguier, CEO de l' agence de design Curius.
1) Comment va l’agence ? Et ses multiples activités ?
Pascal Viguier : c’est assurément une épreuve pour l’humain et pour le business. On a senti un choc d’une grande brutalité pendant les deux premières semaines tant en interne que du côté de nos clients, même si nos chiffres tiennent encore le coup sur les mois de mars et d’avril. Les projets de transformation initiés avant la crise se poursuivent, mais sous un rythme et un calendrier différent. Aucun sujet de fond n’est lancé, la réponse des compétitions est mise en stand-by, on compte sur ce qu’on a en magasin. On ne lâche rien ! Et on est ravi d’accueillir nos clients « at home ». Ce que je retiens de cette période c’est qu’elle nous pousse tous, chefs d’entreprises, salariés, citoyens, à prendre plus de décisions envers les gens. C’est dans ce sens que nous avons mis en place un ensemble d’initiatives solidaires et positives, par exemple la Curius Pop-up University, une collaboration avec la RATP pour mettre à disposition nos travaux illustratifs pour les enfants en confinement, et d’autres actions à titre gracieux pour aider clients ou prospects à s’orienter dans cette nouvelle perspective (ex : speed branding).
2) Le design est utile tout le temps ... l’est-il encore davantage qu’aujourd’hui ?
Pascal Viguier : en cette période, le design est plus que jamais utile pour les marques. Il apporte des solutions concrètes à des besoins immédiats et permet d’incarner des idées avec justesse et cohérence. C’est cela que cherchent nos clients aujourd’hui ! De par sa dimension stratégique et créative, le design est fonctionnel, simplificateur et facilitateur. Je suis convaincu qu’il sera l’un des prochains remèdes des marques face la crise économique pour relancer la consommation et éduquer les comportements.
3) Est-ce un réveil douloureux pour toutes les entreprises qui n’ont pas considérée la RSE comme essentielle ?
Pascal Viguier : c’est comparable au fait de cesser de communiquer en temps de crise ou de négliger la raison d’être d’une marque. Aujourd’hui, les marques ressentent la nécessité urgente de donner du sens à leurs actions. De parler avec sincérité et de montrer leur solidarité. Je suis persuadé que celles qui ont déjà une vision claire de leurs engagements doivent garder ce cap en sortie de crise. En revanche, les marques qui n’en ont pas, doivent saisir l’opportunité de se créer une vision sincère qui corresponde à leurs convictions. Avec le design local et les initiatives personnalisées en tout genre, on sent une émergence de modèles alternatifs qui posent la question d’un nouveau genre de communication plus vertueux et responsable. Si l’on observe bien ce que l’on croyait utile à notre vie quotidienne, on se rend compte que l’on peut faire avec moins et mieux. C’est la grande leçon de cette crise. Et demain, payer plus cher pour ce qui aura une valeur citoyenne et collective ne sera plus une option.
4) Votre imaginaire n’est lui pas confiné, où va le vôtre ?
Pascal Viguier : j’ai constaté qu’il n’y avait pas de représentation positive du signe Covid19. Que l’on renforçait dans ses signes, son caractère anxiogène, en se mettant dans une posture plus défensive que combative. C’est l’attitude inverse que j’aimerais voir ! Parallèlement je remarque toute cette énergie créative déployée sur les réseaux sociaux. Nous cherchons certainement un ensemble d’exutoires pour s’aérer l’esprit. J’ai aussi pensé au pouvoir du design pour changer la perception et agir sur la prise de conscience, entre autres simplifier des données complexes par le biais de représentations créatives souvent plus parlantes qu’un long discours. A commencer par designer l’attestation de sortie !