Nicolas Bouvet (Une Agence Américaine) "donner au public toutes les garanties de bien-être et de sécurité"
Nous continuons sagement à confiner avec vous. Et continuons notre série d'entretiens matinaux avec aujourd'hui celui de Nicolas Bouvet, président de Une Agence Américaine. Spécialiste de l'événementiel.
1) Quelles sont les urgences de vos clients ? Que vous demandent-ils ? Quelles sont vos préconisations ?
Nicolas Bouvet : les premières demandes de nos clients ont été bien entendu de décaler les événements à venir. Notre rôle était dès lors d’envisager toutes les opportunités pour minimiser l’impact financier et logistique lié à cette crise sanitaire. Nous avons de la chance, car aucun événement n’a été purement et simplement annulé, nous sentons une réelle envie de la part de nos clients de maintenir leurs prises de parole et ou rencontres avec leurs public. Reste une question de taille : à quelle date replanifier ces événements ? Notre devoir est avant tout de conseiller, d’accompagner et d’encadrer au maximum les prises de décisions et l’impact qu’elles peuvent avoir, et ce grâce à une veille quotidienne des dispositifs gouvernementaux. J’en profite d’ailleurs pour souligner l’entraide, la cohésion de l’ensemble des acteurs de secteur événementiel dans ces cas précis. Nous traversons cette crise ensemble et je n’ai aucun doute que nous en ressortirons ensemble, plus forts. Enfin, et nous en sommes très touchés, beaucoup de nos clients nous contactent pour savoir comment nous vivons la situation, comment nous nous adaptons. Nous ressentons une bienveillance sincère qui met du baume au cœur de toute l’équipe.
2) Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier de cette crise ?
Nicolas Bouvet : oui bien sûr. Nous savons d’ores et déjà que plus de la moitié de l’année, dont les mois les plus propices aux grands rassemblements, aux tournées, sera vierge de tout événement. L’impact sur notre chiffre d’affaire est certain, et comme nous clôturons notre année en septembre, j’ai déjà malheureusement une très bonne idée des résultats financiers de l’année. Nous avons cependant la chance, malgré notre indépendance, d’avoir une excellente assise financière, et notre activité reprendra avec l’intégralité de l’équipe présente avant le confinement. La crise que nous traversons doit être un signal d’alarme pour toute notre industrie. Nous savons que notre secteur est généralement l’un des plus touchés lorsque notre société est sévèrement déstabilisée par un facteur extérieur. Nous devons, comme lorsque nous organisons un événement, anticiper l’hypothèse d’une crise et préserver notre trésorerie tant que faire se peut.
3) Votre métier va changer...sans doute un peu plus que d'autres secteurs de la communication. Avez-vous déjà un exemple d'opérations nées depuis le 16 mars ?
Nicolas Bouvet : notre métier, et c’est là toute sa beauté, évolue en permanence, au gré des innovations, de la technologie, des tendances ou des lois. Nous devons sans cesse nous renouveler, oublier nos acquis et faire preuve de créativité pour maintenir notre activité. Cette crise est un nouvel obstacle auquel nous devons nous adapter, mais aussi que nous devons comprendre et franchir. Il y avait un avant, il y aura un après. Il faudra par exemple, pendant quelques temps, donner au public toutes les garanties concernant son bien-être et sa sécurité. La levée du confinement, ou l’autorisation d’organiser des événements ne seront pas suffisants, car sans public, pas d’événement !Par ailleurs, l’agence a aussi su s’adapter à cette situation inédite. Sachant que notre activité serait faible, et anticipant un déconfinement très surveillé, nous avons travaillé, avec l’un de nos partenaires privilégiés, sur la création de masques de catégorie 1 100% imprimables. Nous attendons à l’heure actuelle la certification officielle de la DGA qui ferait de nous les premiers à proposer ce type de masques.
4) Comment imaginez-vous les prochains mois pour l'événementiel ? Qu'est-ce qui vous fait espérer ?
Nicolas Bouvet : l’événementiel va rester très touché à court et moyen terme, c’est certain. Quelles seront les mesures du gouvernement concernant notre secteur à partir de juillet ? Quelles formes pourront prendre nos événements ? J’imagine une reprise de l’activité par « paliers », avec des autorisations de 100 personnes, puis 500… Mais difficile de se projeter réellement. Ce qui me fait espérer ? Notre secteur a traversé beaucoup de crises et s’est pourtant toujours relevé ! Nous sommes tous sevrés depuis plusieurs semaines, et le serons encore quelques temps, de rencontres, de communions populaires, d’émerveillement, de découvertes. L’être humain n’est pas fait pour vivre seul chez lui, mais pour partager et vivre des moments, des émotions qui feront date dans sa vie personnelle ou professionnelle. C’est une envie de découvrir, un besoin viscéral, une quête de sens. En un mot, c’est la nature humaine et nous tâcherons de la servir le mieux possible !