Jean-Luc Bravi (DDB Paris) "la communication devra réguler les tensions "
CB News initie une série d'interviews, à chaud, avec le témoignage de dirigeant(e)s d'agences sur la crise sanitaire et économique. Jean-Luc Bravi, président de DDB Paris, s'est prêté à l'exercice. Voici ses réponses.
1) Comment réagissez-vous face à cette crise sanitaire ? Pour vos salariés ? Vos partenaires ? Les freelances ?
Jean-Luc Bravi : Evidemment nous sommes inquiets pour tous nos collaborateurs. La communication est un métier d'échanges, et qu'il y a eu de nombreux déplacements en Asie et USA (tournages, enregistrements, convention de lancement...). Nous avons pris la décision que 100% de nos effectifs soient en télétravail à partir de lundi 16 mars avec toutes les dispositions prises pour qu'il en soit ainsi comme l'installation de gros ordinateurs pour les directeurs artistiques à domicile par exemple. Nos outils majeurs de travail étant le cerveau et l'ordinateur, nous avons la chance de pouvoir continuer à exercer notre métier même en quarantaine... avec le même niveau d'exigence. Et pour être positifs la crise va nous obliger à réduire le nombre de déplacements et réunions inutiles.
2) Commencez-vous à mesurer l'impact financier ?
Jean-Luc Bravi : Ce sujet n'est pas à l'ordre du jour ni dans nos préoccupations du moment...Si la crise dure peu, c'est à dire entre quatre et six semaines, il y aura peu d'impact. Avec certainement un phénomène de rattrapage : le retour à une excitation de (re)pouvoir consommer à sa guise, bien évidemment si la crise dure six mois cela va être difficile pour toutes les entreprises qui subissent le lock down, des licenciements vont affaiblir le pouvoir d'achat des Français et donc cercle vicieux de moindre consommation.
3) Comment réagissent vos clients ? Reports de campagnes, changement de stratégies de communication ? etc.
Jean-Luc Bravi : La situation est extrêmement compliquée pour nos clients qui eux aussi pensent d'abord à la santé de leurs employés qui sont souvent la base de leur outil de production, mais ils voient aussi leurs ventes s'effondrer. La quasi totalité de nos clients a annulé les tournages prévus. La plupart d'entre eux reporte les campagnes sine die. Tous vérifient l'à propos des prises de parole de leurs marques dans le contexte que nous vivons. Tous sont conscients que chaque acte de communication en ce moment sera vécu d'une façon très particulière par les Français. Le discernement et le bon sens font loi.
4) Selon vous, comment pouvez-vous être utile - votre agence et votre secteur - à la société en ce moment
Jean-Luc Bravi : Si la crise s'installe dans la durée, la communication devra réguler les tensions : informer vs. racoler, positiver vs. alarmer, citoyenneté vs. compétitivité marketing, de l'esprit, un peu d'humour vs. la déprime, honnêteté vs. fake. Les marques qui incarneront cet état d'esprit en sortiront grandies et plus proches du grand public.