Mélanie Bauer, la “quinquado” de Radio Nova
À cette heure-ci, Mélanie Bauer prépare déjà sa matinale. Rencontre avec celle qui réveille les auditeurs de Radio Nova.
Après les rencontres avec David Abiker puis Dimitri Pavlenko, notre série sur les hommes et les femmes qui réveillent la France se poursuit.
À cette heure-ci, vers 18h - 18h30, Mélanie Bauer est plongée dans ses textes pour sa prochaine matinale. Depuis près de 2 heures, elle prépare ses sujets pour l’émission “T’as vu l’heure ?” sur Radio Nova. Dans son travail, elle est accompagnée de Thierry Paret. Un partenaire qu'admire la journaliste : “Je suis très impressionnée du traitement de l’info par Thierry, il a sa patte très humaniste”. Après chaque matinale, les deux co-animateurs ont leur rituel : aller prendre un petit-déjeuner ensemble dans un café près des locaux dans le 18e arrondissement de Paris. Au menu : café, tartine de fromage, débrief puis retour au bureau jusqu'à midi. Vers 16h, Mélanie Bauer poursuit le travail commencé le matin même dès 5h. Pour résumer, son émission se fait “comme tous les matinaliers, en se levant tôt”, plaisante la journaliste.
“La fille bizarre” de France Inter
Celle qui se définit comme une “quinquado” a fait son grand retour après 7 ans d’absence sur la radio musicale à la rentrée 2023. Elle entre à Radio Nova dès 2005, lorsqu’elle est embauchée par le cofondateur de la radio Jean-François Bizot. “Il m’a beaucoup apporté et il m’a appris à arrêter de m’excuser d’être moi-même”. Pendant presque dix ans, elle anime en soirée le magazine culturel l’Eléphant Effervescent. Elle y reste jusqu’en 2015 avant de partir sur France Inter. Là-bas, “j'étais la fille bizarre qui écoute de la musique bizarre". Sur le service public, elle apprend “à ouvrir les écoutilles”, même si, elle reste hermétique à la musique grand public comme Julien Clerc, Enrico Macias et autres. Ce retour à l’antenne de Radio Nova semble très étrange, mais à la fois très familier, pour Mélanie Bauer. “À Nova, je me sens normale, voir même un peu en retard, c'est une joie d'avoir de nouveau tant à apprendre ; j’ai de la chance d'être retournée dans une radio où il y a une liberté de parole, une radio métissée avec une musique écoutée nulle part ailleurs, une radio de gauche, je ne pourrai pas travailler dans un média de droite”.
La défricheuse Ketchup & Marmelade
Avant d’arriver sur les ondes de “Nova”, elle est passée par Fip, mais surtout Oui FM. Elle officie à la mythique émission Ketchup & Marmelade, une libre antenne qui a mis en lumière la scène indépendante à l’image de Harvey Danger, les Smashing Pumpkins ou Yo La Tengo. L’émission phare prend fin en 2002 après avoir marqué toute une génération de passionnée de rock anglo-saxons. Des influences déjà présentes dans la vie de Mélanie Bauer. Dans sa jeunesse, elle est très influencée par la radio britannique. Elle s’est fascinée pour les Peel Sessions de la BBC, des concerts en direct, soit l’équivalent des Black Sessions de Bernard Lenoir. “Dans les années 90, nous rêvions tous d’être comme lui”. Pour elle, la radio anglaise a offert tout ce qui manquait en France ces quinze dernières années : beaucoup de second degré, de l’autodérision, mais aussi du sérieux.
Aujourd’hui, elle continue à se passionner pour l’univers de la musique. Ses derniers coups de cœur ? “Il y en a beaucoup trop, je ne sais pas comment répondre”, élude l’experte avant de citer la chanteuse sud-africaine Tyla et son amapiano, un nouveau genre musical qui mélange house et RnB ou encore le groupe Yard Act et son mélange de rock punk anglais. “Tout ce que je chronique sont des choses qui m’ont tapé dans l’oreille.” Pour alimenter son travail et “avoir une vision en dehors du franco-français”, elle lit la presse anglaise et américaine comme le NY Times ou le Guardian.
Une première émission à 13 ans
Celle qui se présente comme une autodidacte a fait des études de journalisme avant de travailler à l’âge de 20 ans. Son rapport au son remonte à plus tôt. Dès ses 11 ans, Mélanie Bauer s’amuse à enregistrer des sons avec un magnétophone, brancher, débrancher, jouer avec le matériel… Sa première émission est tournée à l’âge de 13 ans. Accompagnée d’une copine, elle réalise un premier sujet sur les chats pour une radio associative. À partir de 18 ans, elle traîne dans les concerts puis elle réalise ses premiers stages au sein de l'association Fréquence Gaie puis la station Oui FM. “À partir de là, c’était l’autoroute”.