David Abiker, un matinalier apaisé
À cette heure-ci, David Abiker prépare déjà sa matinale de demain. Rencontre avec celui qui réveille les auditeurs de Radio Classique.
À cette heure-ci, vers 18h-18h30, il sort promener son chien “Obi-Wan”, il se balade pour faire ses 10 000 pas par jour ou il commence la préparation de la matinale de Radio Classique. Depuis la dernière rentrée, David Abiker incarne ce programme de 7h à 9h. Dans son cahier des charges : l’économie, la musique et "rester enjoué et positif malgré le merdier ambiant". Il nous donne rendez-vous début mars devant un café du 8e arrondissement. Jean noir, chemise bleue, gilet zippé noir et une Vogue à la bouche… Sa matinale se veut décontractée à son image. Il explique : "l’enjeu est de réveiller les gens sans trop de stress, mais avec de l’empathie". Dès le soir, il lit le livre de son invité du lendemain, attend les chroniques de ses confrères et commence à écrire tout son chemin de fer. "Parfois, je m’écarte du texte, je tiens à cette part de spontanéité", glisse l’homme de 55 ans. Il veille à cette préparation jusqu'à 21h-22h.
Dans l’attelage des chiens de traîneau, il se voit comme l’animal en tête. Celui qui donne le rythme, la cadence de la matinale : "je ne me suis pas imposé, mais déposé à sa tête". Dans son travail, il est notamment entouré de Franck Ferrand, Christian Makarian, François Geffrier, Marc Lambron et François Vidal. L’ancien DRH de la Monnaie de Paris ne lésine pas sur le “management” de son équipe. Pour lui, il faut "accueillir les chroniqueurs comme des gens importants, j’ai envie qu’il y ait un petit mot pour chacun". Cette fonction de chef de file l’a changée. Mais cela n’a rien de statutaire. "L’exercice est hautement stimulant", dit-il en évoquant son passage à l’armée dans les années 90. "Quand je faisais mes classes avant d’être officier, notre chef de brigade n’était jamais fatigué, il savait où il allait."
“Je n’ai plus d’anxiété, je me lève avec impatience"
Sa succession à Guillaume Durand, chef de la matinale depuis 2009, a demandé de la préparation. Pour son premier jour à ce nouveau poste, le journaliste s’entraîne en amont. Avant l’été, il subit une crise d’hypocondrie, dont il était un habitué, avant d’avoir le déclic. Après des examens médicaux sans problèmes, il réalise avec succès un essai à blanc de la matinale. Une semaine avant, il refait encore l’exercice à blanc à 4h du matin. Il prend confiance. "Avant le mois de septembre, j’étais très anxieux, pas que pour cette rentrée, mais pour toutes les rentrées, maintenant, je n’ai plus d’anxiété, je me lève avec impatience".
Il est arrivé dans le monde des médias après un sentiment d'inachevé : des études à Sciences Po et un poste dans les ressources humaines, mais une envie de faire des chroniques. Cette dernière se concrétise dès 2001 au sein d’Arrêt sur images, sur La Cinquième devenue France 5. Il collabore périodiquement avec le média, en parallèle de son travail dans les ressources humaines. À l’âge de 37 ans, un cancer le prive d’une année de travail et lui donne "un coup de collier" pour se réorienter. Il intègre Franceinfo à l’aide de Patrick Roger, directeur de la station à l’époque. Cette embauche lui permet de trouver une stabilité économique. Il quitte son travail à la Monnaie de Paris pour se consacrer à la radio. Son parcours le mène notamment à France Inter et Europe 1. Malgré un passage à la télévision (Canal +, France 2, Paris Première), David Abiker se trouve bien à la radio.
De Jean-Louis Trintignant à Stromae
Plus petit, il écoutait des disques audio et pouvait réciter par cœur des passages des Trois Mousquetaires ou Le Petit Prince lu par Jean-Louis Trintignant. Une diction qui lui plaît comme celle d’Eddy Mitchell dans La Dernière séance ainsi que Daniel Mesguich dans Joséphine ou la Comédie des ambitions. D’autres voix plus contemporaines le séduisent comme celles de Nathalie Baye et Stromae. "Ces voix marquent beaucoup plus que des images." Des parcours d’artistes dont David Abiker suivrait bien le chemin puisque dans une autre vie, il aurait aimé être pensionnaire de la Comédie-Française. En attendant, il anime la matinale de Radio Classique, son "aboutissement".