Quand la "fatigue écologique" s'installe
Une mise à distance des thématiques écologiques se fait jour.
On a bien compris l'expression "fatigue informationnelle", mais voilà que se profile une fatigue d'un autre type. Celle de l'écologie...Citeo a mandaté L’ObSoCo pour mener une étude qualitative auprès de femmes et d’hommes, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de zone géographique différents. "Tiraillées entre culpabilité, volonté de bien faire et contraintes économiques, les personnes rencontrées font le récit d’une fatigue écologique qui s’installe" précisent les auteurs, "plusieurs mécanismes de mise à distance s’observent". Une certaine rancœur s’exprime, qui "contribue à limiter sa propre responsabilité vis-à-vis des autres, les voisins, les collègues, les anciennes générations qui ont laissé faire, les jeunes générations perçues comme très ambivalentes sur le sujet, les industriels qui polluent, les politiques qui n’agissent pas assez, les écologistes parfois perçus comme extrêmisant le débat, etc. Devant le "gigantisme de la tâche, ils sont nombreux à ressentir un sentiment d’impuissance, quand d’autres se montrent de plus en plus circonspects sur ce qui est fait du tri de leurs déchets, suspicieux vis-à-vis de certaines pratiques dîtes plus « écologiques », comme le bio ou l’électrique, par exemple".
Le triptyque du grand empêchement
Être "écolo" aujourd’hui requiert "du temps, de l’organisation, de l’espace et des moyens financiers. L’absence de ces conditions peut finir par être source de frustration voire de colère, quand on aimerait bien mais qu’on ne peut pas". C'est un marqueur social. "Tous veulent bien reconnaître l’importance (voire l’urgence) de la thématique environnementale, mais refusent qu’on leur fasse « porter le chapeau » et regrettent qu’on ne leur facilite pas davantage le passage à l’acte. Ils ne veulent pas être le dernier maillon d’une chaîne qui dysfonctionne à tous les étages. Dans une société qui vante le gain de temps et où l’offre crée la demande, l’injonction à une consommation responsable devient de moins en moins audible" dévoilent encore les auteurs de l'étude. Les Français ont la sensation de faire à leur niveau "quelque chose" pour l'environnement. "Tous ces éléments favorisent un certain désengagement : une situation d’autant plus préoccupante qu’elle s’inscrit dans un mouvement plus vaste de désengagement du monde économique et politique, qui adresse un mauvais signal aux consommateurs-citoyens". La responsabilité des pouvoirs publics dans ce désengagement est énorme...