Thomas Jamet - Vice-Président de l'UDECAM

Ces 15èmes Rencontres de l’UDECAM, dont le thème est « Ensemble pour la relance » seront l’occasion de parler d’inspiration, de rêves et de brosser les perspectives d’un avenir qu’il faut pouvoir analyser à l’aune du passé.

Le mouvement dont nous sommes aujourd’hui les témoins rappelle la période étonnante que connût l’Europe aux XVème et XVIème siècles. En effet après la grande épidémie de Peste Noire de 1348 ayant entraîné une remise en cause globale de tout un modèle civilisationnel se prépare l’avènement d’un nouveau schéma social vecteur de transformations culturelles associé à des changements économiques majeurs associé à un bouleversement technologique. A l’époque de la Renaissance, un monde s’éloigne donc, un autre est en train de naître. L’historien René Rémond dégage plusieurs caractéristiques clés de ce qui constitue cette époque. Parmi ces critères on trouve l’apparition de nouveaux modes de diffusion de l’information, le renouveau des échanges commerciaux et les changements de représentation du monde. Il semble que la dynamique digitale globale déjà en germe depuis quelques années, l’accélération sans précédent du eCommerce pendant la pandémie et la course d’Elon Musk pour conquérir l’espace rentrent parfaitement dans ces critères.

Cette nouvelle Renaissance que nous serions en train de vivre propose en effet le même schéma. Nous semblons en effet replonger aux racines de notre condition humaine, acculés par la crise et la présence de la mort, que nous croyions avoir repoussé. « Nous n'avons jamais été modernes » assénait Bruno Latour en 1991. Dans un essai remarquable, le philosophe décryptait en quoi l'idée de progrès et l'illusion toute moderne de maîtrise du monde nous obligeaient à ne plus faire attention, nous libérant « de toute prudence, voire de toute précaution » car nous nous prenions pour les maîtres d'un monde que nous façonnions à notre image. Mais plus le progrès est devenu dangereux (voire mortifère avec le réchauffement climatique ou insaisissable avec la pandémie mondiale), plus nous avons été obligés de faire à nouveau « attention » (à nous, à notre environnement, à notre utilisation des technologies). Inutile de dire combien la période est symbolique de cette vision !

La « Relance » doit donc être synonyme de « Renaissance ». C’est-à-dire qu’elle ne doit pas uniquement être économique ou matérielle : nous devons penser l’avenir en y apportant du sens. Les technologies digitales peuvent nous y aider et les agences médias sont au centre de toutes les problématiques d’avenir : elles doivent participer au débat sur ce que signifie l’identité dans un nouvel environnement data-led, refonder le besoin de sécurité dans un monde dématérialisé avec le RGPD et inventer la responsabilité média, redécouvrir les logiques sociales primaires avec de nouvelles tendances des réseaux sociaux... et ainsi contribuer à la réinvention nécessaire de nos sociétés. Une chose est sûre : nous vivons dans l'époque la plus excitante pour nos métiers depuis 20 ans.