Claude, Georges... Pourquoi les assistants d'IA ont-ils des prénoms rétro ?

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(© Unsplash)

Donner des noms au charme suranné à une IA ? Une façon de conjurer les peurs associées à cette technologie selon des expertes.

Lorsqu'il a fallu trouver un nom à son outil d'intelligence générative, spécialisé dans l'aide à la création d'entreprise, Rachid Belaziz a sollicité son équipe marketing. Le consensus est vite arrivé, ce serait Georges. Cela évoque "quelqu'un de posé", "réfléchi", "avec de l'expérience" et renvoie à une idée "de tradition et de valeurs", raconte à l'AFP le chef d'entreprise originaire du Gers, dans le sud-ouest de la France. "Il faut de la sérénité parce que souvent, les gens s'enflamment quand ils veulent monter leur entreprise", poursuit M. Belaziz. Georges est un agent conversationnel (ou "chatbot") avec qui un utilisateur peut dialoguer de son projet pour parvenir à la production d'un plan d'affaires en quelques minutes. Une tâche qui peut habituellement prendre entre deux à trois semaines. Il est là "pour poser un cadre, un peu comme un professeur", précise Rachid Belaziz.

La start-up californienne Anthropic, a, elle, baptisé son modèle d'IA générative, Claude, en hommage au mathématicien américain Claude Shannon, dont les théories sur le langage binaire appliqué au circuit électrique ont rendu possible les réseaux modernes de communication de masse. "Claude est là pour vous aider", clame le site internet de la start-up, qui a dévoilé sa première version en mars 2023. Comme son rival ChatGPT créé par OpenAi, et dont la sortie en 2022 a lancé la révolution de l'IA générative, Claude peut produire toutes sortes de contenus sur simple requête en langage courant, et permet d'interagir avec une machine comme jamais auparavant. Le tout avec un nom "chaleureux et attachant", explique à l'AFP, une porte-parole d'Anthropic. Sur la même ligne, la start-up tricolore Ask Mona propose un "chatbot" qui discute avec les internautes pour leur recommander gratuitement des sorties culturelles personnalisées. 

"Stratégie de réassurance"

Ce choix de prénoms relève avant tout "d'une stratégie de réassurance" pour la sémiologue Gaëlle Pineda face à une technologie qui "fait peur". Il s'agit ainsi de "donner une incarnation, de la chair, à quelque chose qui, dans les représentations culturelles, en est dépourvu", poursuit-elle. Les intelligences génératives n'ont fait que récemment irruption dans nos vies, qu'il s'agisse de digérer des textes complexes, de produire des poèmes en quelques secondes ou de réussir des examens médicaux. Un bond qui suscite autant de promesses que d'inquiétudes sur les plans économiques, sociaux et sociétaux. L'IA convoque ainsi des craintes liées à "un futur dystopique, à la Orwell ou Terminator", abonde auprès de l'AFP, Elodie Mielczareck, sémiologue. "La meilleure façon de conjurer cette peur-là, c'est d'y injecter du passé, une épaisseur historique" que peuvent revêtir les prénoms désuets, soutient-elle. "On s'imagine que Claude ou Georges, ce sont des personnes d'une génération qui nous précède et donc qui ont pu emmagasiner une certaine sagesse qui serait une sagesse de l'humanité", pour l'experte.

L'équipe d'Anthropic souhaiterait que les internautes se représentent Claude comme "quelqu'un à qui on irait demander conseil", comme à un grand-père. Ulrich Tan voit quant à lui la tendance des noms néo-rétro comme une façon de rappeler "que des avancées technologiques, il y en a eu par le passé et il y en aura dans l'avenir". "Aujourd'hui, travailler sur une technologie de pointe, c'est finalement poursuivre sur cette lancée-là", conclut-il. Comme un trait d'union entre le passé et le futur.

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