La Poule qui veut se faire aussi grosse que la Vache

Alors que les pouvoirs publics et les agriculteurs luttent sur la scène médiatique, c’est une autre polémique - plus animalière - qui fait vibrer les allées de la Porte de Versailles.

Oreillette est la nouvelle égérie du Salon de l’Agriculture 2024, et c’est encore une vache ! 11 ans que ça dure. 11 ans que ni poule ni mouton ni cochon ni tout autre animal n’a droit aux devants de la scène.

Ce n’est pas une fable de la Fontaine, mais une vraie pétition lancée sur les réseaux sociaux par les Fermiers de Loué avec l’aide de leur agence, Josiane. « Le fait que l’égérie soit toujours une vache repose sur deux idées simples. D’abord, la hauteur des hommes politiques qui peuvent lui mettre la main sur la croupe. C’est plus compliqué avec un poulet », glousse Yves de la Fourchadière, directeur des Fermiers de Loué. « Ensuite, elles sont communes à toutes les régions. Mais les poules aussi, les moutons, ânes, chèvres, chiens, chats, etc, on les trouve partout en France » cocoricote notre empêcheur de tourner en rond. « Ras-le-bol que les grosses bêtes prennent toute la place. Nous aussi on existe. On réclame le droit à l’affiche, une forme de reconnaissance. Et en toute modestie : le fameux coq de Loué ne réclame pas l’affiche pour lui-même mais pour l’ensemble des autres espèces. Nous, on restera dans la basse-cour. C’est notre place. »

Pourtant chaque Français consomme, en moyenne, 28 kg de volailles dans l’année (soit 77g par jour !), ce qui fait de la France la championne européenne de la consommation de volailles en volume (source : ITAVI).

Dans la campagne créée par l’agence Josiane, la F.E.R.M.E. devient la Fédération des élevages en réaction au monopole des égéries. « Loué est le seul client de Josiane qui est plus fou que Josiane », pouffe Laurent Allias, fondateur de l’agence. Le coq de Loué se redresse, prend la pose et claironne : « comme toutes les marques, nous avons besoin que le jeune public, qui échappe aux médias habituels, nous identifie comme une marque vivante, qui sait sortir de son cadre ».

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages (…/…) Tout marquis veut avoir des pages. (Jean de la Fontaine)