Les 59 propositions des Etats généraux de la presse indépendante
Des "Etats généraux de la presse indépendante" sont lancés cette semaine, réunissant des médias marqués à gauche, en réaction aux Etats généraux de l'information initiés par Emmanuel Macron.
Une réunion publique est prévue ce jeudi à l'Espace Reuilly à Paris, qui sera suivie d'autres rendez-vous à Bordeaux, Strasbourg, Clermont-Ferrand, Marseille et encore Toulouse. Une centaine de médias, organisations et collectifs de journalistes y participent, dont Mediapart, Les Jours, Médiacités, Blast, Street Press, Reporterre, Fakir, des syndicats, ainsi que l'association "Article 34" regroupant des anciens du JDD. Le Fonds pour une presse libre (FPL), créé en 2019 pour sanctuariser le capital de Médiapart et pour soutenir financièrement des titres indépendants, en est à l'origine. De leur côté, les Etats généraux de l'information, promesse de campagne d'Emmanuel Macron, ont été confiés à un comité de pilotage indépendant et sont pensés comme "un temps d'échange" entre experts, acteurs des médias et citoyens. Ils doivent aboutir à l'été 2024 à des propositions de modifications législatives ainsi qu'à des recommandations.
Mais dès leur lancement en octobre, le FPL avait appelé à "hacker" ces Etats généraux-là, jugeant que "cette machinerie construite à l'Élysée laisse craindre le pire". "Libérons l'information des pouvoirs politiques, des médias de la haine, et des milliardaires" (Vincent Bolloré, Daniel Kretinsky, Xavier Niel, Rodolphe Saadé...), clament les organisateurs de la soirée de jeudi. Cinquante-neuf propositions ont déjà été mises sur la table, dont celle de doter toute rédaction d'un droit d'opposition "lorsque son indépendance est mise en cause par un actionnaire, par la direction ou par un annonceur". "Renforcer le droit à l'information" et "réformer les aides publiques à la presse" figurent aussi parmi les priorités.
Des débats et tribunes sont prévus jeudi sur le financement de la presse indépendante, la précarité des journalistes, ou la "dépendance grandissante" à l'égard des plateformes. Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, récemment libéré après neuf mois de détention en Afghanistan, est annoncé en clôture. Le 11 novembre, la journaliste de CNews Christine Kelly avait animé des "Etats généraux du journalisme", marqués à droite voire à l'extrême droite avec des invités comme Bernard de La Villardière, présentateur sur M6, et Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du JDD, dont l'arrivée a suscité une longue grève dans la rédaction l'été dernier.