De la publicité et une baisse des dépenses... Meta améliore ses profits
Porté par de fortes réductions des dépenses et par l'appétit des annonceurs pour Facebook et Instagram, Meta a réalisé des profits encore meilleurs qu'attendus pendant le trimestre estival.
Le géant des réseaux sociaux a vu son chiffre d'affaires bondir de 23% sur un an au troisième trimestre, à 34 milliards de dollars, d'après son communiqué de résultats publié le 25 octobre. Il en a dégagé un bénéfice net de 11,6 milliards de dollars, soit plus du double de celui de l'année dernière à la même période (4,4 milliards).
Pour le trimestre en cours, la directrice financière de Meta, Susan Li, table sur des revenus compris entre 36,5-40 milliards de dollars, une fourchette large à cause "d'une plus grande volatilité dans la demande des annonceurs au début du trimestre". "Bien que nous n'ayons pas de revenus directs significatifs en Israël au Moyen-Orient, nous avons observé un ralentissement des dépenses publicitaires au début du quatrième trimestre, au même moment que le début du conflit" entre Israël et le Hamas, a-t-elle indiqué lors de la conférence téléphonique des dirigeants. Le titre de Meta, qui prenait près de 3% lors des échanges électroniques après la clôture de la Bourse, chutait de plus de 3% après cette conférence. "Les investisseurs ont été un peu effrayés par ces commentaires", estime Debra Williamson, analyste technologique indépendante.
Discipline budgétaire
Hormis cette incertitude, le marché a apprécié que le groupe californien ait largement diminué ses dépenses depuis le début de l'année. Il compte désormais quelque 66 000 employés dans le monde, soit 24% de moins qu'il y a un an. Le patron Mark Zuckerberg s'est félicité de cette discipline budgétaire, "qui nous apporte de la stabilité pour mener à bien nos projets de long terme, dans un monde très volatile". Il a expliqué que sa société va investir en priorité dans l'intelligence artificielle (IA) en 2024, "sans trop recruter", en privilégiant les transferts de salariés vers les équipes dédiées à l'IA.
Fin septembre, Meta a dévoilé de nouveaux produits d'IA générative, notamment des chatbots dotés de personnalités et de nouvelles fonctions pour ses appareils de réalité virtuelle (VR) et augmentée (AR), les casques Quest et les lunettes Ray-Ban. Le groupe californien espère ainsi rattraper son retard dans cette technologie qui suscite de l'engouement dans le monde entier, et relancer le "métavers", c'est-à-dire son ambition de mélanger des univers numériques parallèles à la réalité physique.
Reality Labs, la branche chargée de développer le métavers, a de nouveau perdu 3,7 milliards de dollars au troisième trimestre, après des pertes nettes de 13,7 milliards en 2022. Meta prévoit une addition encore plus salée l'année prochaine. "Cela va prendre du temps pour affiner toutes ces nouveautés, avant que des centaines de millions voire des milliards de personnes ne les utilisent", a déclaré le patron.
D'ici là, "Meta est engagé dans une poursuite inlassable de la croissance", a commenté Jeremy Goldman, analyste d'Insider Intelligence. "On le voit avec sa focalisation sur les Reels (format vidéo copié à TikTok, ndlr) et l'introduction de nouvelles façons de tirer des revenus des entreprises sur Instagram, Messenger et WhatsApp - sans parler de l'intégration profonde de l'IA dans l'ensemble de ses services", a-t-il détaillé.
Les défis face à la concurrence
Meta a aussi lancé un nouveau réseau social, "Threads", sur le modèle de Twitter (désormais X). Il compte aujourd'hui près de 100 millions d'utilisateurs mensuels actifs, a précisé Mark Zuckerberg. Pour Jeremy Goldman, Threads compte surtout "quasiment cinq fois moins d'utilisateurs actifs quotidiens que lors de son lancement en juillet". Et ce n'est pas le seul défi que doit relever Meta. Face à la concurrence accrue de TikTok et Snapchat "Meta doit constamment innover pour garder son public captivé", a-t-il noté.
Mark Zuckerberg a vanté le fait que les "Reels ont permis d'augmenter de plus de 40 % le temps passé sur Instagram depuis leur lancement". Ces clips, qui accrochent l'attention, font partie des fonctionnalités considérées comme nocives pour les adolescents par de nombreuses autorités. Mardi, quelque 42 procureurs généraux ont lancé des poursuites contre Meta, l'accusant de nuire à la "santé mentale et physique de la jeunesse" avec ses outils "addictifs".
Déjà dans le collimateur de la justice américaine pour des questions de monopole, l'entreprise est aussi en plein recalibrage dans l'Union européenne, qui a imposé de nouvelles obligations aux plateformes numériques.