La grève se poursuit au Journal du Dimanche

jdd

La rédaction du JDD a voté à la quasi-unanimité la poursuite jusqu'à jeudi du mouvement de grève entamé il y a six jours pour dénoncer la nomination à sa tête du journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune, a annoncé mercredi sa Société des journalistes (SDJ).

Au total, 97% des votants se sont exprimés pour la poursuite du mouvement (90 pour, trois contre, quatre qui ne se prononcent pas), a détaillé la SDJ dans un communiqué, précisant qu'un nouveau vote se tiendrait jeudi matin. "Malgré l'ampleur de la contestation, Arnaud Lagardère", le PDG du groupe éponyme dont l'absorption par Vivendi, appartenant à Vincent Bolloré, vient d'être autorisée sous conditions par Bruxelles, "a maintenu ce choix face à la rédaction rassemblée", a justifié la SDJ.    "Arnaud Lagardère n'a pas rassuré la rédaction", avait-elle déploré mardi, après la visite du dirigeant qui a, selon elle, "démontré sa méconnaissance du profil de Geoffroy Lejeune, personne dont les valeurs sont en contradiction totale avec celles du journal". La nomination de ce journaliste marqué à l'extrême droite, ancien directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, suscite beaucoup d'émoi dans les milieux journalistique et politique depuis la semaine dernière.

Mardi soir, près d'un millier de personnes se sont rassemblées à l'appel de Reporters sans frontières (RSF) au Théâtre Libre à Paris pour soutenir les grévistes et défendre leur indépendance éditoriale comme, plus largement, la liberté de la presse. "Nous allons dire non à un ogre (Vincent Bolloré et Vivendi, ndlr) qui dévore les médias d'information (...) et les transforme en médias d'opinion", a lancé Christophe Deloire, secrétaire général de l'organisation, devant un parterre composé de plusieurs responsables politiques ou syndicaux et de personnalités des médias. Cette soirée de soutien est venue s'ajouter à une tribune intitulée "Le JDD ne peut devenir un journal au service des idées d'extrême droite" publiée mardi dans Le Monde et signée par plus de 650 personnalités. M. Lagardère a assuré lundi au Figaro avoir décidé "seul" de la nomination de Geoffroy Lejeune par "choix économique et pas du tout idéologique", alors que beaucoup y voient la main du milliardaire Vincent Bolloré, aux opinions réputées ultra-conservatrices. Pour que la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi soit effective, ce dernier doit encore vendre le groupe d'édition Editis et le magazine Gala, selon les conditions fixées par Bruxelles.

La NUPES prépare une proposition de loi

Les députés de la Nupes préparent de leur côté une proposition de loi pour donner du pouvoir aux journalistes dans les nominations de leur direction, afin d'"empêcher des situations comme celle du Journal du dimanche", a indiqué mercredi l'élue LFI Clémentine Autain. "Il y a eu un effet de sidération (...) Je trouve ça formidable qu'il y ait eu un sursaut de la rédaction", mais "tout conduisait à ça", a-t-elle jugé devant l'Association des Journalistes parlementaires (AJP). "Si Vincent Bolloré peut faire ça, c'est parce que la loi lui permet de le faire", a-t-elle poursuivi, expliquant qu'une proposition de loi était justement en cours de préparation par les groupes politiques composant la Nupes (LFI, PS, EELV, PCF). "Puisque tout le monde est visiblement choqué (...) allons-y, donnons du pouvoir aux sociétés de rédaction sur les actionnaires", a dit la députée, expliquant que le texte de la Nupes serait rédigé de manière à pouvoir faire l'objet d'un consensus au sein de l'Assemblée nationale. L'élue de Seine-Saint-Denis n'est pas entrée dans le détail de ce que prévoirait la proposition de loi, mais elle a évoqué le "levier" des aides à la presse. Pour "avoir l'aide à la presse", il faudrait par exemple "respecter une règle qui est qu'il faut que la majorité des journalistes décident de leur rédacteur en chef", a-t-elle suggéré. La députée espère qu'un tel texte puisse être inscrit à l'ordre du jour de l'une des semaines consacrées à l'Assemblée à l'examen de textes transpartisans. La Nupes travaille par ailleurs à une proposition de loi "beaucoup plus globale" pour "lutter contre la mainmise de quelques milliardaires sur la production de l'information", a ajouté Mme Autain, qui avait déjà déposé un texte anti-concentration il y a quelques mois.

À lire aussi

Filtrer par