JDD : Geoffroy Lejeune officiellement nommé, les réactions s’enchainent

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La rédaction du Journal du dimanche (JDD) a demandé samedi à la direction de l'hebdomadaire, contrôlé par Vincent Bolloré, de renoncer à nommer à sa tête Geoffroy Lejeune et prolongé sa grève jusqu'à mercredi, selon un communiqué.

Le personnel du JDD a voté à nouveau à la quasi-unanimité la poursuite du mouvement de grève, qui a mis le journal à l'arrêt depuis jeudi et l'a empêché de paraître dimanche. En cause, l'arrivée de Geoffroy Lejeune, tout juste débarqué de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles, comme directeur de la rédaction. Officielle depuis vendredi soir, cette arrivée est une "ligne rouge" pour la rédaction, a écrit la société des journalistes (SDJ) du JDD dans un communiqué. "La rédaction du JDD refuse d'être dirigée par un homme dont les idées sont en contradiction totale avec les valeurs du journal", a-t-elle ajouté, après un vote à 98% en faveur de la reconduction de la grève (80 voix "pour", deux "contre", trois "ne se prononce pas"). "Les équipes exigent aussi la reconnaissance de l'indépendance juridique de la rédaction et des garanties quant à l'exercice de son métier dans le respect des règles déontologiques", a-t-elle poursuivi. La rédaction du JDD redoute de voir se répéter une méthode déjà dénoncée ailleurs dans les médias contrôlés par Vincent Bolloré : valse des dirigeants et interventions sur la ligne éditoriale, peur qu'elle ne bascule à l'extrême droite, au prix d'une éventuelle hémorragie de journalistes.

Au JDD, Geoffroy Lejeune succède à Jérôme Béglé, lui-même nommé directeur général de la rédaction de Paris Match, autre titre du groupe Lagardère, dont l'absorption par Vivendi, le groupe de Vincent Bolloré, vient d'être autorisée par Bruxelles.

La ministre de la Culture réagit, publication d’une tribune de soutien aux grévistes du JDD

Dimanche, la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a fait part de sa vive inquiétude pour les "valeurs républicaines" en raison de la situation au sein du journal. "Mon rituel du dimanche, c'était de me réveiller avec le JDD. Aujourd'hui il ne paraît pas", a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux. "Je comprends les inquiétudes de sa rédaction. En droit, le JDD peut devenir ce qu'il veut, tant qu'il respecte la loi. Mais pour nos valeurs républicaines comment ne pas s'alarmer ?", a-t-elle poursuivi. Parallèlement, toujours dimanche, une trentaine de sociétés des journalistes de grands médias, dont France Télévisions, Le Figaro, Le Monde, Le Parisien, Libération, Radio France ou encore Paris Match, ont apporté leur soutien aux journalistes grévistes du JDD, dans une tribune publiée sur Mediapart.  "La nomination de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de la rédaction de l'hebdomadaire d'extrême droite Valeurs actuelles, dont les contenus haineux ont été condamnés par la justice, est incompatible avec les valeurs que porte le journal depuis soixante-quinze ans", soulignent-ils.

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