Selon l’association des journalistes LGBTI, les médias parlent aujourd'hui mieux d’homosexualité et bisexualité

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L'association des journalistes LGBTI (AJL) a célèbré dimanche ses dix ans et son action qui, malgré des avancées, se heurte encore à des "écueils", selon Alice Coffin, sa cofondatrice, et Yasmina Cardoze, son actuelle coprésidente.

Depuis la création de l'AJL, "on constate une amélioration : les médias dans l'ensemble parlent mieux des sujets liés à l'homosexualité et à la bisexualité, mais ce n'est pas pour autant parfait", tempère d'emblée Yasmina Cardoze auprès de l'AFP. L'association, qui regroupe plus de 150 journalistes, est née d'une indignation, celle du traitement médiatique réservé au projet de loi sur le mariage pour tous, adopté en 2013, qui "laissait beaucoup la parole à l'homophobie". Veille de la couverture des sujets LGBT+, actions de sensibilisation et pédagogiques... L'AJL propose aussi des outils, comme les "kits de bonnes pratiques" ou un glossaire du vocabulaire LGBT+. "Ce sont des recommandations. Si un média n'a pas envie de les suivre, on comprend le message : ça signifie que nous, personnes LGBT, ne sommes pas bienvenues" dans le lectorat de ce média, estime la coprésidente de l'AJL. Pour Alice Coffin, il s'agit d'employer "les bons termes". "Cela fait partie du travail journalistique d'informer, sur un sujet donné, des concepts et réalités que le grand public ne connaît pas forcément", défend la journaliste. Dix ans après le mariage pour tous, les deux militantes retrouvent pourtant les mêmes mécanismes, à l'œuvre cette fois dans le traitement médiatique de la transidentité. "On donne principalement la parole aux personnes transphobes", déplore Yasmina Cardoze. "On se saisit d'une communauté de personnes pour en faire des sujets de débats permanents et non informés". Or, "il faut l'expertise", renchérit Alice Coffin.

"C'est comme si, sur ces sujets, tout le monde pouvait avoir une opinion" parce que "c'est vécu comme un sujet de société" et non pas journalistique, poursuit-elle. C'est aussi considéré "comme un point de vue militant, donc on s'en défie". Alice Coffin pointe aussi "l'investissement par certains médias" classés à droite des questions LGBT. "Pour eux, c'est une ressource inépuisable de commentaires, plateaux télé, articles... C'est limite s'ils ne parlent pas plus de nous que les médias de gauche", ironise l'élue écologiste à Paris. D'où l'importance pour l'AJL de sa cérémonie annuelle des "Out d'or", créée pour offrir davantage de visibilité aux sujets LGBT+ en récompensant les personnalités, articles, reportages et œuvres offrant une "représentation juste et diversifiée".   L'événement a été aussi l'occasion pour certains journalistes de faire leur "coming-out sur scène parce qu'en fait, ça reste très difficile d'être out" dans ce milieu "a priori éduqué", relève Yasmina Cardoze. D'autant plus quand on est lesbienne, confirme Alice Coffin, se remémorant des "réactions assez violentes" qui ont suivi la publication de son ouvrage "Le génie lesbien" en 2020.

Néanmoins, "ça a bougé en termes de traitement médiatique, de réflexion, de gens qui travaillent dans les rédactions avec d'autres générations de journalistes, davantage conscients de ces sujets", analyse-t-elle. Pour preuve, la "profusion dans les œuvres présentées aux Out d'or" cette année, selon la cofondatrice de l'AJL, qui se souvient avoir "dû vraiment chercher pour trouver des articles" lors de la préparation de la première édition en 2017. À l'époque, "les gens posaient systématiquement la question : Mais est-ce que ce n'est pas du communautarisme ? Il pouvait y avoir des réticences", désormais "il y a moins de nécessité de justification", estime-t-elle. Nouveauté de l'édition 2023 : un duo sera aux commandes de la cérémonie, la drag-queen La Briochée et la journaliste Linh Lan Dao, de l'Association des journalistes antiracistes et racisé-e-s, fondée en mars. "L'actualité LGBT du moment, c'est dire que l'on peut être LGBT et racisé. Ces deux combats vont main dans la main", souligne Yasmina Cardoze, précisant que, "chaque année, on s'efforce de représenter un maximum de personnes".

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