Paris Match : la SDJ s’inquiète de l’ingérence du groupe Lagardère dans les choix éditoriaux
La société des journalistes (SDJ) de Paris Match s'est indignée, dans un communiqué, de la une de l'hebdomadaire à paraître ce jeudi, consacrée au cardinal ultra-conservateur Robert Sarah, dénonçant "une ingérence" de son propriétaire, le groupe Lagardère. "La rédaction proteste contre cette ingérence de la direction du groupe dans les choix éditoriaux de Paris Match", s'insurge la SDJ, déplorant un "choix périlleux", concernant un prélat "peu connu du grand public", "défendant des positions très clivantes". "Si nous ne contestons pas l'intérêt du sujet à l'intérieur du journal (...) nous nous inquiétons que les positions les plus controversées du cardinal Sarah aient été passées sous silence", dénonce la SDJ. "Nous craignons également que cette couverture nuise à l'image de Paris Match, une image construite depuis plus de 70 ans", ajoute-t-elle. La rédaction en chef du magazine a tenté le jour du bouclage "de convaincre la direction du groupe Lagardère de revenir sur son choix de Une. Malheureusement sans succès", indique la SDJ. "Dans ce contexte d'OPA de Vivendi sur Lagardère, nous espérons tous qu'elle ne signe pas un virage éditorial mettant en cause notre indépendance", concluent les journalistes.
Le groupe Vivendi, détenu par Vincent Bolloré, est devenu l'an dernier le premier actionnaire du groupe Lagardère, qui détient aussi le Journal du dimanche et Europe 1. La radio avait connu une hémorragie de départs, volontaires et contraints, après l'annonce d'un rapprochement avec la chaîne CNews. "Nous ne partageons pas les craintes que vous évoquez", a répondu la direction de Lagardère à la rédaction en chef de Paris Match dans une lettre que s'est procurée l'AFP. "La récente actualité autour de l'affaiblissement du pape François relance le sujet de la succession, qui sera omniprésent lors du consistoire de cet été", justifient Arnaud Lagardère, PDG de Lagardère, et Constance Benqué, présidente de Lagardère News. Paris Match "a plusieurs fois dédié ses unes à des personnalités moins connues du grand public sans que cela ne produise un trouble chez ses lecteurs", ont-ils défendu. Reste que le cardinal Robert Sarah, 77 ans, originaire de Guinée, un pays majoritairement musulman, s'est illustré ces dernières années par des propos polémiques. "Ce que le nazisme et le communisme étaient au XXe siècle, l'homosexualité occidentale et les idéologies abortives et le fanatisme islamique le sont aujourd'hui", avait-il ainsi déclaré lors d'un synode en 2015.