La relance interrogée aux Rencontres de l’Udecam
Les 15èmes Rencontres de l’Udecam réunissaient mardi 7 septembre les acteurs du marché, au Parc floral de Paris. Au coeur des discussions entre professionnels des médias et de la publicité : la relance économique du secteur. Si tous s’accordent pour décrire le retour de la croissance, ils reconnaissent parfois encore un manque de dynamisme par rapport au reste de l’économique française. Gautier Picquet a d’abord souhaité « une relance responsable et durable ensemble pour redessiner la collaboration de nos métiers ». Le président de l’Udecam et CEO de Publicis Media France est rejoint par Pierre Calmard, CEO de dentsu France : « la relance oui, mais pas n’importe comment. Il faut donner du sens, et on n’attend plus la régulation pour être responsables. On sert aussi à changer les mentalités », a-t-il affirmé. La responsabilité du secteur pour davantage respecter la planète et la société, afin de répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, semble avoir pris le dessus sur le désir de croissance à tout prix.
Par conséquent, le secteur veut se protéger pour préparer sereinement les nombreux défis d'ores et déjà présents. « Les États Généraux ont été le début de quelque chose, on était alors moins seuls pour défendre la valeur de nos métiers pendant la crise. Mais la valeur de nos talents doit aussi être défendue dans la relance », a déclaré Bertille Toledano, présidente de BETC. Et de vouloir éviter la « paupérisation » du marché, avec « 0,3% de croissance quand l’indice des prix est de 0,5% ». « On ne pourra pas recruter des talents si on ne peut pas les payer. Nous avons été solidaires dans la crise, il va falloir être solidaire dans la croissance ». La coprésidente de l’AACC n’a pas hésité à mettre les pieds dans le plat : « la relance n’est pas aussi forte dans nos métiers qu’elle l’est ailleurs ». Pour autant, la relance a été « beaucoup plus forte qu’attendue », a expliqué Maurice Lévy. Pour le publicitaire, il est aujourd’hui plus difficile de concevoir des plans médias « sans une approche complexe », incluant les médias historiques.
Du côté des régies, on recherche « l’équilibre ». « Nous n'y sommes pas du tout pour le moment », selon Sylvia Tassan Toffola, présidente du SRI. « On parle de relance durable, mais aussi de relance équitable. Il faut s’engager sur une forme de rééquilibrage entre médias traditionnels et digital ». La DG de TF1 Pub veut conserver et appliquer les apprentissages de la crise : la créativité, les vertus de l’automatisation ou encore le collectif. Des évolutions bienvenues : « le régulateur n'est pas là pour conserver et préserver le statu quo, mais pour anticiper et pour accompagner les transformations à l'oeuvre du paysage médiatique », a déclaré le président du CSA Roch-Olivier Maistre. La fusion M6-TF1 a été évoquée, ainsi que la transformation du secteur avec l'apport de l’étranger. La croissance doit se faire à l’international : Maurice Lévy a ainsi appelé les agences à se développer ailleurs qu’en France si elles veulent pouvoir prendre leur juste place dans un secteur multi-concurrentiel. « L’internationalisation est essentielle pour la course à l’innovation et la R&D. C’est un passage obligé », a appuyé Nicolas Rieul, DG de Criteo France. Des rencontres Udecam 2021 marquées par l’ambition d’un secteur qui doit faire plus encore pour espérer retrouver une croissance pleinement partagée. Une situation sur le fil résumée par Pierre Louette, PDG du groupe Les Echos-Le Parisien : « il faut travailler sur le problème entre la sincérité et la stimulation permanente des envies. Quand la promesse, c’est tout avoir en moins de 10 minutes, cela n’a aucun sens ».