Brésil : Bolsonaro limite la modération des réseaux sociaux

Bolsonaro

Le président brésilien Jair Bolsonaro a pris lundi un décret qui modifie les règles de la modération de contenu sur les réseaux sociaux et pourrait, d'après les critiques, entraver le combat contre la désinformation. Le décret, à effet immédiat mais qui doit être entériné par le Congrès pour qu'il ait force de loi, vise à combattre « la suppression arbitraire et injustifiée de comptes, profils et contenus par les fournisseurs », explique le secrétariat à la Communication du gouvernement. Le président d'extrême droite, qui s'est déjà fait retirer des contenus pour diffusion de fausses informations sur le Covid-19, qualifie de « censure » la suspension de comptes ou la suppression de contenus que les plateformes ont appliquées à son encontre et à celle de certains de ses partisans.

La nouvelle disposition établit une série d'hypothèses pour lesquelles il y aurait un « juste motif » pour supprimer des contenus ou suspendre des utilisateurs (par exemple la commission de délits, de violences) et impose de nouveaux protocoles aux plateformes pour appliquer ces suspensions. « Cette mesure provisoire limite de manière significative la capacité de restreindre les abus sur nos plateformes », a réagi un porte-parole de Facebook dans un email envoyé à l’AFP. Le réseau social « est en ligne avec l’expression de plusieurs spécialistes et juristes, qui affirment que la proposition viole les droits et les garanties constitutionnels ». Alessandro Molon, député d'opposition et rapporteur du texte cadrant la pratique d'internet au Brésil (MCI), en vigueur depuis 2014, a assuré qu’il préparait un recours en justice pour invalider le décret présidentiel.

« Son objectif n'est pas de protéger la liberté d'expression, le MCI le fait déjà. Ce qu'il veut, c'est empêcher que la désinformation et le discours de haine que ses partisans et lui disséminent continuent à être retirés des plateformes », a dit le parlementaire. Jair Bolsonaro a pris ce décret à la veille d'une journée qui s’annonce tendue : le chef de l'État a appelé ses sympathisants à manifester dans les principales villes du pays ce mardi 7 septembre, jour de la fête nationale, et des flambées de violence pourraient survenir en cas de rencontre avec des manifestants anti-Bolsonaro. Mal en point dans les sondages, où il est largement distancé par l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva dans les intentions de vote pour l'élection de 2022, l'ancien capitaine de l'armée joue son va-tout mardi.

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