La valeur de l’inutile

Photo édito

Je ne dois pas être le seul à le penser, du moins je l’espère, mais la crise a profondément perturbé notre perception du temps. Tout ce qui s’est écoulé depuis février 2020 semble avoir été bousculé. Il y a certainement des tas de scientifiques qui ont des explications aussi rationnelles que contradictoires, mais ce qui est clair c’est que nos horloges internes ont dû aussi être affectées par le virus. Et que dire des acteurs du numérique qui s’agitent comme des coucous fous. Le dernier en date, c’est Tik Tok qui va faire passer la durée maximale de ses vidéos d’une à trois minutes. Mouvement hautement stratégique. Parce que si le réseau des vidéos speedées (c’est du vieux jeune) passe ainsi au long métrage, c’est pour chatouiller YouTube et lui piquer du temps de cerveau disponible. Et pendant ce temps, Instagram proclame ne plus être une application de photos mais de vidéos. Pour embêter Tik Tok. On dirait la bataille finale d’un film de superhéros quand il y a des milliers de personnages qui s’estourbissent au point qu’il devient très difficile de distinguer les gentils et les méchants. Avec les géants de la tech, le choix n’est pas entre le bien et le mal mais juste de savoir comment capter notre attention. La qualité du contenu n’a aucune importance. Je viens de lire un sondage selon lequel 82 % des Français disent voir passer trop d’informations inutiles. Ça ne les empêche pas de les consommer. Découpées en lamelles, les infos inutiles sont nettement plus digestes. Quel est le temps de lecture estimé de cet édito ?

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