Alain Weill quitte ses fonctions chez Altice France et SFR
Ils avaient prévu de travailler de concert pendant 4 ans, ils sont restés ensemble 6 ans. Alain Weill, fondateur du groupe NextRadio TV, quittera en effet le 1er juillet le groupe Altice créé par Patrick Drahi, où il cumulait les postes de président-directeur général d'Altice France et de SFR ainsi que de président d'Altice Media. M. Weill avait cédé son groupe médias (RMC, BFMTV) au milliardaire des télécoms en 2015. L'opération s'était faite en plusieurs temps, avec une entrée minoritaire du magnat des télécoms au capital de NextRadio TV, avant que ce dernier n'en devienne le principal actionnaire. Dans quelques semaines, Alain Weil sera donc remplacé au poste de PDG d'Altice France par l'actuel directeur général de SFR, Grégory Rabuel. Arthur Dreyfuss, actuellement directeur général d'Altice Média, devient le président directeur général d'Altice Média et reste secrétaire général d'Altice France-SFR. Dans un communiqué, le dirigeant explique qu'il ne sera « jamais très loin » du groupe Altice et de son fondateur Patrick Drahi et qu'il compte désormais « concrétiser de nouveaux projets » dans les médias et le digital. « À ce titre, je reste d'ailleurs encore associé au groupe Altice qui est actionnaire (minoritaire, ndlr) de L'Express que je m'attelle à relancer », a-t-il indiqué. Alain Weill avait créé il y a 20 ans NextRadioTV. Il avait construit son groupe en rachetant d'abord RMC, puis BFM Business, avant de lancer BFM TV puis les chaînes RMC Découverte et RMC Story.
Alain Weill : un homme de médias
Repéré en 1985 par le patron de NRJ, Jean-Paul Baudecroux, Alain Weill se voit confier la direction du réseau de la radio encore naissante. Début 2000, NRJ postule au rachat de RMC, mais la réglementation sur la concentration des radios fait capoter le rachat. Alain Weill décide alors de démissionner pour se porter lui-même acquéreur de la radio alors moribonde. Pour redresser la barre, l'homme d'affaires, qui prédit la mort du format généraliste et ne jure que par les radios thématiques, réoriente RMC vers le « news and talk » : de l'info et du débat. RMC devient RMC Info, Talk, Sport. La formule s'avère gagnante, notamment grâce à des « coups », comme l'acquisition de l'exclusivité des droits radio de la Coupe du monde de football 2002. Deux ans après avoir pris la barre de RMC, Alain Weill se porte acquéreur en 2002 pour 3,3 millions d'euros de la radio BFM, alors en redressement judiciaire. Il fait le pari de rétablir l'équilibre financier de BFM en deux ans, en la recentrant sur sa thématique économique et financière et au prix d'un plan social drastique. Début 2004, la radio atteint l'équilibre d'exploitation. En 2005, Alain Weill se lance dans la télévision en créant BFMTV sur la TNT gratuite et élargit son groupe, rebaptisé NextRadioTV. Là aussi, il multiplie les « coups » : un exemple, l'organisation de débats politiques qui dopent l'audience de la chaîne d'information en continu, devenue en trois ans la première de sa catégorie.
Début 2007, NextRadioTV se lance cette fois dans la presse écrite, avec le rachat pour 80 millions d'euros du Groupe Tests, éditeur de plusieurs publications dédiées aux nouvelles technologies, alors en difficulté. Une fois encore, Alain Weill engage une restructuration profonde, qui se traduit par la suppression de 140 emplois sur 400 et des fermetures de titres. En 2008, il rachète le quotidien économique La Tribune au groupe LVMH, par sa holding personnelle News Participations. Objectif : ramener le titre déficitaire à l'équilibre "au plus tard en 2010". C'est un échec. En 2010, il revend 80% du capital de la publication. En 2013, son groupe NextRadioTV se sépare aussi de ses dernières publications papier pour se recentrer sur les activités en croissance : radio, télévision, Internet. Alain Weill fera le grand saut en 2015 en s'alliant au milliardaire Patrick Drahi, en vue de lui laisser à terme les rênes de son groupe NextRadioTV (la radio RMC, BFMTV ainsi que les chaînes RMC Découverte et BFM Business), alors florissant.