Vivendi sur le point de racheter Prisma Media
Il ne fait pas toujours très bon être un groupe de presse magazine historique, en France. Après le groupe Lagardère qui s’est délesté de bon nombre de ses titres ces dernières années ou encore Mondadori tombé dans l’escarcelle de Reworld Media, c’est au tour lundi de voir des négociations exclusives annoncées entre le groupe Vivendi qui souhaite racheter le groupe Prisma Media, éditeur notamment de Capital, Geo, Gala, Télé-Loisirs, Voici, Femme actuelle, etc. Et c’est une surprise. Les discussions entamées avec la maison-mère de Prisma Media, l'éditeur allemand Gruner + Jahr (groupe Bertelsmann), personne ne les avait vu venir. Ainsi, lors d'une visioconférence organisée lundi matin avec l'ensemble des salariés, « notre PDG (Rolf Heinz) s'est mis à pleurer, il était très ému, il nous a dit qu'il l'avait appris hier. (...) On ne sait pas à quelle sauce on va être mangés, c'est encore en négociations », relate une journaliste du groupe qui a souhaité conserver son anonymat à l’AFP. « Le dossier est déjà très avancé » et la vente pourrait être finalisée dès la fin du premier trimestre, a précisé de son côté Emmanuel Vire, délégué syndical SNJ-CGT, alors qu’aucun montant n'a été communiqué pour cette opération, encore soumise à des autorisations réglementaires. Alors certes, Prisma Media n’est pas sorti tout à fait indemne de la débâcle de la messagerie Presstalis, mais malgré tout, souligne M. Vire à l’AFP, les résultats pour 2020 « ne devraient pas être mauvais » avec un « résultat d'exploitation de 30 millions d'euros »".
Pourtant, pour le représentant syndical, le désengagement du géant allemand Bertelsmann, actionnaire de Gruner + Jahr et qui vient d'annoncer le rachat de la maison d'édition américain Simon & Schuster pour 2,18 milliards de dollars, était prévisible. « Bertelsmann a vendu ses filiales de magazines en Espagne, aux Pays-Bas, en Autriche, en Pologne », pour ne garder que des activités presse en Allemagne et en France. Et les tentatives de l'actionnaire pour inciter Prisma et le groupe de télévision M6, une autre de ses filiales, à créer des synergies n'ont conduit qu'à l'annonce d'un partenariat sur les contenus audio. « Aucun projet capitalistique » n'est envisagé par le groupe de télévision concernant Prisma, avait démenti il y a quelques mois le dirigeant de M6 Nicolas de Tavernost. Pour tenter de répondre aux inquiétudes sur notamment les intentions de Vivendi ou encore les garanties pour les salariés, dont 500 cartes de presse, un CSE extraordinaire est prévu début janvier.
Selon un communiqué de Vivendi, une telle acquisition "offrirait (...) d'intéressantes opportunités de collaboration au sein du groupe et de développement" pour les titres de Prisma. Présent dans la musique (Universal), la télévision (Canal+), la communication (Havas), les jeux (Gameloft) et les livres (Editis, qui détient notamment des maisons comme Nathan, Robert Laffont ou Plon), le groupe diversifié Vivendi n'était pas encore présent dans l'édition de magazines. Mais signe d'un intérêt constant pour se tailler une place dans les médias, le groupe contrôlé par Vincent Bolloré a acquis récemment une participation au sein de Lagardère (Europe 1, Paris Match, le JDD), et se trouve désormais au coeur d'une bataille entre actionnaires et son dirigeant Arnaud Lagardère.