Souvenirs d’automne
Je n’ai pas connu Philippe Michel. Il est mort à l’été 1993 alors que je venais d'arriver à CB News. Je ne l’ai pas croisé donc, mais il a beaucoup compté dans mon histoire professionnelle. Chaque début d’automne, nous partions alors au Grand Prix de l’affichage dans un luxe à peine imaginable aujourd’hui. Cette manifestation a ceci de particulier que son jury est composé de créatifs et que la presse peut assister aux délibérations. Et dans les années 90, il ne se passait pas une édition sans que - souvent au moment le plus tendu, lorsque la récompense suprême est discutée- l’un ou l’autre des jurés n’évoquait Philippe Michel. Il s'agissait de savoir si l’affiche qui faisait débat était digne de lui. Un court mais intense silence s’imposait alors dans la salle, comme si chacun des jurés essayait de le joindre directement dans l'au-delà pour lui demander son avis. Et puis les débats reprenaient. Et les campagnes signées CLM étaient presque toujours dans le dernier carré. Le temps est passé, le Grand Prix de l’affichage est devenu celui la publicité extérieure, les jurés se sont succédés et le souvenir de Philippe Michel s’est un peu estompé. Mais son empreinte n’a jamais disparue et CLM BBDO, son agence, a continué à imprimer sa créativité. Et puis tout s’est arrêté. Il ne faudra pas oublier.