Julien Vin-Ramarony (VOD Factory) : « il y a une place à prendre pour des acteurs complémentaires »
La période est favorable à la consommation de contenus en ligne, notamment vidéo. Les plateformes par abonnement (SVOD) sont parmi les premières à en profiter. On en parle ce matin avec Julien Vin-Ramarony, président de VOD Factory, éditeur des plateformes Shadowz, Queerscreen et Spicee.
Vous avez enregistré un pic d'abonnement : les affaires sont bonnes ?
Nous avons effectivement la chance de faire partie d’un secteur qui se porte bien en temps de confinement. Le public a envie de divertissement, de culture, et les options étant limitées ils se tournent naturellement vers la VOD et les plateformes digitales. Nous avons lancé le 13 mars, soit quelques jours avant le confinement, Shadowz, plateforme SVOD dédiée aux films de genre (horreur, thriller, science-fiction). Nous savions que le lancement était très attendu depuis notre campagne de crowdfunding en novembre, mais l’accueil du public a surpassé nos attentes, et nous avons atteint en quelques jours nos objectifs du premier mois. Nous avons également observé une forte hausse des abonnements sur les autres plateformes que nous opérons : Queerscreen, dédié à la fiction LGBT+ et Spicee, plateforme consacrée au documentaire. C’est très encourageant pour la suite.
Qu'est-ce que le confinement vous apporte ?
Le confinement a permis à de nombreux secteurs, jusqu’alors souvent éloignés du digital – le sport, la culture, les festivals, etc. – de prendre conscience de l’importance d’exister en ligne. Nous étions déjà convaincus de l’intérêt pour eux de créer un média vidéo. Avoir sa propre plateforme VOD, c’est une manière de rassembler ses archives, de maintenir un lien toute l’année avec son public, de donner de la visibilité à ses annonceurs, d’événementialiser ses prises de parole, et plein d’autres choses encore. Tout le monde doit s’organiser dans l’urgence aujourd’hui mais je suis convaincu qu’on verra vite l’intérêt de ces services VOD, même hors confinement.
Comment vos offres peuvent évoluer pour s'adapter à la situation ?
Pour les services que nous opérons, nous avons accéléré la mise en ligne de nouveaux titres, car les clients ont tendance à consommer beaucoup plus qu’en temps normal. Mais nous sommes aussi capables de mettre notre technologie à disposition des autres entreprises. Depuis le début de la crise du Covid-19, nous recevons énormément de demandes d’acteurs de la culture, de salles de sport, de festivals. Afin de les accompagner au mieux et d’être le plus réactifs possibles, nous avons réorganisé nos process et sommes désormais capables de leur livrer une plateforme VOD ou SVOD en quelques semaines, avec un site web et des applications à leur couleurs.
La SVOD française est-elle de taille face aux acteurs américains (Netflix, Disney, Amazon) ?
Les GAFAN font un super travail sur la VOD en proposant des plateformes attractives et innovantes. Ils permettent également d’éduquer le marché et d’habituer le public français au modèle de vidéo à la demande par abonnement. Cependant, nous sommes convaincus qu’il y a une place à prendre pour des acteurs complémentaires, sur des thématiques de niche. L’idée des services que nous développons – les nôtres ou ceux de nos clients – n’est pas de concurrencer les géants du secteur, mais bien d’enrichir le paysage audiovisuel. Un fan de cinéma de genre pourra très bien être abonné à Netflix et à Shadowz. C’est déjà un vrai phénomène aux Etats-Unis, où les téléspectacteurs s’abonnent à 2, 3 ou 4 services, en fonction de leurs centres d’intérêt.
Les plateformes thématiques, un moyen de se démarquer ?
Chacune des plateformes de niche touche un public très précis. Avant de lancer un projet, nous nous associons aux meilleurs experts de chaque thématique, pour comprendre la communauté, ses attentes, et comment s’adresser à elle. Nous voulons proposer des offres qualitatives qui n’existent pas aujourd’hui et nous sommes en train d’étudier une dizaine de nouveaux projets qui pourraient être lancées prochainement.