Sandrine Plasseraud (We Are Social) "on va s’habituer à cette nouvelle normalité et en faire un truc de bien"
Nous l'avions entendue dans un "lointain" 18 mars... Et avions envie de l'entendre à nouveau en ce lundi très particulier en forme de gros point d'interrogation. C'est donc les réponses de Sandrine Plasseraud, présidente de We Are Social France, qui nous éclairent aujourd'hui.
1) Qu’est-ce qui change vraiment pour l’agence lundi ?
Sandrine Plasseraud : à vrai dire pas grand chose... Si ce n’est que, comme on s’est confinés le 11 mars suite à un cas de COV-19 à l’agence, le mai 11 sera en quelque sorte une date symbolique puisque cela fera deux mois qu’on est en WFH (work from home). Mais concrètement cela ne changera rien puisque nous avons décidé de ne pas prendre de risque et de ne réouvrir l’agence que le 1er juin, le temps d’étudier le protocole de déconfinement du gouvernement et d’aménager nos bureaux en conséquence. Pour autant le 11 mai, même si c’est n’est pas une véritable libération, cela sera surtout l’opportunité pour nos collaborateurs (et tout un chacun y compris moi) de pouvoir enfin voir des amis, de la famille, en nombre limité certes, mais cela fera du bien pour le moral. "L’homme est un animal social" disait Aristote et vivre confiné, en isolation, ça a été complexe pour de nombreux collaborateurs.
2) Les protocoles sanitaires de la profession pour cet "après", vous semblent-ils réalisables ?
Sandrine Plasseraud : même s’il fait 21 pages et est rédigé en police 11 (!), à part une équation « surface résiduelle » qui peut faire peur à première vue, ce protocole, c’est finalement beaucoup de bon sens. En revanche, la mise en place de toutes ces mesures (aménagement des bureaux, gestion des flux de circulation, marquages au sol, aménagement des salles de réunions, gestion de la salle de restauration, désinfection des locaux), c’est ça qui va prendre du temps. Et dans la mesure où il a été demandé aux entreprises qui pouvaient télétravailler de continuer à le faire, je ne voyais pas l’urgence d’aménager nos bureaux en cinq jours. Je préfère que l’on prenne notre temps et que cela soit bien fait pour un retour début juin.
3) Un chiffre révèle que 35% des Français ne souhaitent pas être "déconfinés", surtout chez les jeunes d'ailleurs...Surprenant ?
Sandrine Plasseraud : surprenant, oui et non. Tout d’abord je pense vraiment qu’il y a une différence entre Paris, la banlieue et la province. C’est clair que d’être confiné dans une maison ou dans un appartement avec une terrasse, ça fait toute la différence. En banlieue ou en province, nombreux sont mes amis qui ont réalisé que, puisqu’ils pouvaient télétravailler, à quoi bon passer des heures et des heures dans les transports comme avant. En revanche, leurs collègues leur manquent. Le plus compliqué dans ce confinement aura été cette peur du danger invisible. En revanche, la majorité a apprécié (passé la phase de sidération), cette nouvelle normalité avec un temps plus long, qui nous aura valu d’apprendre de nouveaux skills : on s’est tous rués vers la cuisine et nombreux sont ceux qui se sont mis au sport. Et puis n’oublions pas que l’on parle de déconfinement, mais que le virus, lui, est toujours là ...Donc certains préfèrent le cocon domestique. Tiens, ça me fait penser que je devrais enfin lire The Little Book of Hygge sur la tendance du cocooning à la danoise !
4) C'est difficile d'inventer une normalité qui n'est pas du tout normale...
Sandrine Plasseraud : les gens sont hyper créatifs. Je nous fais confiance pour nous adapter à cette nouvelle normalité. Et concrètement il le faudra. Je doute que l’intégralité des collaborateurs de l’agence puisse être dans nos bureaux tous ensemble d’ici à la fin de l’année. D’ailleurs, Facebook et Google ont annoncé qu’ils prolongeait le télétravail jusqu’à la fin de l’année. Chez nous il y aura des rotations, c’est certain. Sur la base du volontariat pour démarrer : on va faire passer un questionnaire à nos collaborateurs la semaine prochaine pour voir qui souhaite absolument venir dans les bureaux dès le 1er juin. Donc concrètement : si tu n’en peux plus de télétravailler avec des enfants qui surgissent derrière toi en plein Zoom, tu seras certainement prioritaire versus ton collègue qui est parti chez ses parents en banlieue parisienne… Et puis, qui dit rotations, dit qu’il faudra réinventer ses relations professionnelles aussi. C’est comme les enfants qu’on interview sur France Info et qui disent « mais mes copains ils seront pas à l’école les mêmes jours que moi ! ». Et bien, tu te feras de nouveaux copains :). Et puis n’oublions pas que même pour ceux qui retournent au bureau, les vidéoconférences resteront la nouvelle réalité, car il n’y aura pas assez d’espace dans les salles de réunions revisitées en mode post-COV19 ! C’est ce que nous racontait mon homologue de We Are Social China qui ont eux repris le chemin des bureaux il y a peu. Il nous disait aussi être dérouté de ne pas pouvoir lire les expressions faciales de ses collaborateurs lorsqu’ils se font des blagues et qu’ils portent tous des masques. Mais soyons positifs, on va s’habituer à cette nouvelle normalité et en faire un truc de bien !