Julien Calot (McCann Paris) "chance inouïe de pouvoir continuer à travailler"
C'est la septième semaine de confinement. CB News, confine avec vous avec, notamment, la poursuite de sa série d'interviews, débutée le 17 mars( !) avec aujourd'hui le témoignage de Julien Calot, executive creative director beauty team de l'agence McCann Paris .
1) Comment y arrivez-vous ? ou pas ? A travailler, à inspirer, à créer ?
Julien Calot : très bien ! Très bien et très bien ! L’agence s’est transformée en 24 heures, les connexions humaines étant toutes dématérialisées. Le contact physique manque, bien sûr, mais nous avons mis en place d’autres moyens pour avancer. Nous sommes en permanence connectés avec les équipes. Les projets fusent. Les journées sont intenses, denses. Non-stop! Nous pensons « within COVID » et envisageons « post COVID » et « post post COVID »... Dans ce contexte de potentiel désastre sanitaire et économique globalisé, je suis conscient de la chance inouïe que j’aie et que nous avons de pouvoir continuer à travailler, à nous épanouir. Je n’ai jamais eu peur de la solitude. Elle est intrinsèque à la condition du créateur. Écrire. Composer. Peindre. J’ai passé des milliers d’heures seul à travailler. Chaque activité de création artistique entraîne pour moi la nécessité d’une forme de voyage intérieur et d’isolement.
2) Avez-vous “trouvé” de nouvelles sources d’inspirations ?
Julien Calot : :-) Je répondrais avec cette citation du peintre Chuck Close. Voilà ce qu’il dit sur l’inspiration : « Inspiration is for amateurs. The rest of us just show up and get to work. If you wait around for the clouds to part and a bolt of lightening to strike you in the brain, you are not going to make an awful lot of work. All the best ideas come out of the process; they come out of the work itself. »* C’est génial non ? Qu’ajouter de plus ?
3) Qu’est-ce qui vous manque le plus dans la pratique de votre métier ?
Julien Calot : action! Cut ! Le groupe. L’énergie. La convivialité. Les autres, bien sûr. Les tournages. Je pense aux producteurs et aux indépendants qui souffrent en ce moment. Et puis aussi les petits détails du quotidien : Prendre mon scooter pour faire en 10 minutes un trajet de 20. Les call-time à 6 heures pour le make-up. La magie de l’instant. La création en direct. La salade sur un coin du bureau...
4) Notre imaginaire n’est pas confiné lui : où va le vôtre …
Julien Calot : Au bord de la mer. Sur une plage de galets. Dans les éclats de soleil qui miroitent à la surface de l’eau. Dans le son du vent qui soulève les tamaris. Vers la sensation simple de la pure joie d’exister au monde et à la nature.
*« L'inspiration est pour les amateurs. Les autres se contentent de se mettre au travail. Si vous attendez que les nuages se dissipent et qu'une idée lumineuse vous frappe le cerveau, vous n'aurez pas beaucoup de travail. Toutes les meilleures idées naissent du processus ; elles naissent du travail lui-même. »