David Drahy (Com’Over) : « Avant de rebondir, il faut déjà tenir debout »

David Drahy (Com’Over)

CB confine avec vous. Comme chaque matin, retrouvez nos entretiens qui dressent le portrait du marché pendant cette période inédite. Aujourd’hui, David Drahy, fondateur et directeur associé de Com’Over, nous explique comment l’agence en profite pour consolider son offre.

1) Votre activité évènementielle est en pause : comment rebondir ?

Tout d’abord, il nous faut essayer de faire le bilan de cette crise, et tant que celle-ci n’est pas terminée ce n’est pas simple à évaluer. La situation change quotidiennement, ce qui, pour des structures comme la nôtre, n’est pas simple d’un point de vue visibilité à court ou moyen terme. Mais avec 50% de notre marge issue de notre branche Event, et un secteur sportif temporairement à l’arrêt, nous savons que 2020 sera compliquée. Après notre chance est d’avoir su nous diversifier sur différentes typologies de métiers, et nous gardons un minimum d’activité sur des missions de conseil, RP, Influence et Endorsement.

Avant de rebondir donc, il faut déjà tenir debout et être solide sur ces bases. Nous utilisons donc cette période pour : consolider notre offre de base, refaire nos outils (site web, Manifesto vidéo, réseaux sociaux), et former les équipes notamment sur des problématiques comme « Evénementiels & RSE » où les attentes du marché seront certainement plus grandes dans les mois à venir, donc nous nous devons d’être prêts ; optimiser les process sur nos 2 filiales lancées fin janvier et renforcer les liens avec les premiers clients nous faisant confiance : « Com’Over Talents », qui accompagne des personnalités sur la chaîne de valeur de la communication et du marketing et « Com’Over Medias », régie commerciale spécialisée sur les « opérations spéciales » et le Brand Content, à destination de médias pure players digitaux sur nos territoires sport/entertainment/lifestyle/sociétal et les Talents.

La période est difficile, psychologiquement et évidemment économiquement, nous sommes de nature positive et confiante donc nous avons décidé de nous tourner vers l’avenir en espérant revenir plus intelligents et forts d’une certaine manière.

2) Côté RP, comment les clients adaptent leurs projets ?

La plupart de nos clients RP et influence ont décidé de continuer sur les bases de nos contrats initiaux quand ils le peuvent, ce qui nous touche beaucoup et nous donne envie de décupler nos efforts aujourd’hui et à la reprise pour eux. Il est important pour eux de continuer à exister, à communiquer, en adaptant leur discours : moins de produits, plus de services, plus proches de leurs communautés et consos, tout online évidemment. Mais après le coup de massue des premiers jours, c’est également une belle opportunité de se rapprocher des « amis de la marque » et leur fournir un contenu en adéquation avec leurs attentes et besoins du moment.

3) Vous accompagnez la NBA, des sportifs : quelles ressources leur proposez-vous ?

Pour la NBA, qui est le client historique de l’agence (depuis 2011, pour ma part depuis le début de ma carrière professionnelle en 2004), nous avons une mission socle de gestion des relations médias et influenceurs sur la France et plus globalement nous pouvons opérer en tant qu’agence conseil. Nous ne travaillons pas que sur les sujets sport bien au contraire (pour cette partie les retombées viennent naturellement) mais sur ce que représente la NBA, ce que représente la ligue sportive numéro 1 dans le monde, sur des sujets entertainment, lifestyle, technologie, people, société, etc.

La NBA est assez forte pour imaginer des contenus différenciants et divers pendant cette période, que ce soit des tournois sur NBA2K, l’organisation d’un Horse, la diffusion par ESPN puis Netflix de The Last Dance, documentaire sur Michael Jordan… Nous essayons de faire parler de tout cela et d’y donner des angles locaux pour continuer de promouvoir la ligue et ses athlètes.

Et comme je le disais ci-avant, nous accompagnons nos clients Com’Over Talents sur des sujets de communication et marketing, par exemple avec Andrew Albicy (basketteur Equipe de France et Euroleague), nous travaillons en ce moment beaucoup sur son positionnement et sa légitimité Esport avec des rencontres avec les meilleurs joueurs/teams du marché (Vitality, Gameward), alors qu’avec Diandra Tchatchouang (basketteuse Equipe de France et Championnat de France) nous abordons avec les medias des sujets sociétaux et avons réalisé le lancement de son podcast « Super Humains ». Nous avons donc une équipe composée de différents experts sur ces différents sujets en interne et en externe.

4) Comment l’influence survit à la crise ?

Tout le monde est online, c’est aussi simple que cela. Les chiffres digitaux ont explosé en quelques semaines, on le voit avec les Instagram Live (48M de personnes connectées pour Federer et Nadal) ou l’engagement sur certains contenus notamment le documentaire « The Last Dance » sur Michael Jordan d’ESPN et diffusé en France sur Netflix. Les marques doivent garder le contact avec leurs communautés, les consommateurs sont en proie au doute et à la remise en question… Les influenceurs, quels qu’ils soient (youtubeurs, instagrammers, athlètes, artistes…), sont donc des bons messagers pour rassurer les consos et passer des messages qualifiés, aidant ainsi les marques à garder le contact.

5) Comment les marques vont-elles devoir communiquer selon vous ?

Evidemment que tout le monde s’attend et espère une prise de conscience sociétale, j’entends et lis cela partout… C’est enfoncer une porte ouverte que de débattre là-dessus et annoncer une révolution. Est-ce que le Covid va accélérer cette tendance ? Peut-être, surement. Je pense aussi et surtout que les gens ont besoin de légèreté, de reprendre du plaisir, de rire, de rêver… Dans ce sens le sport et l’entertainment (musique, culture au sens large) vont rapidement reprendre leur place, peut-être de manière un peu différente dans un premier temps ; en se tournant moins vers le produit et plus vers l’expérience mais de manière générale c’était déjà le cas et la tendance.

6) Com’Over va-t-il s’en sortir économiquement ?

Nous allons tout faire pour en tout cas. Pour être honnête je n’ai pas la réponse à savoir si l’événementiel par exemple va pouvoir reprendre à minima en septembre 2020 ou fin 2021… S’il y aura une seconde vague, puis une troisième… Beaucoup de facteurs que nous ne contrôlons pas. Nous serons impactés, forcément nous serons surement plus petits et avec une répartition du chiffre d’affaires et de la marge brute différente, mais nous sommes assez solides avec nos résultats des années précédentes et sommes convaincus que les transformations que nous avons initiées il y a quelques mois maintenant nous emmènent dans le vrai.

Nos clients sont solides (NBA, Mastercard, Groupe Bacardi Martini, Beats by Dre du groupe Apple, My Little Paris…), ils seront encore là et relanceront la machine ; nos territoires sport/entertainment/lifestyle/sociétal sont des univers clés de nos sociétés modernes et continueront de l’être. Donc pour répondre à la question, oui je pense que Com’Over va s’en sortir économiquement, d’une manière ou d’une autre.

7) Comment envisagez-vous l’après ?

Bien. Comme je le disais, oui plus d’engagement sociétal et plus de sens c’est une évidence. Mais j’espère aussi que cet épisode douloureux va permettre aux gens de réaliser que la vie est pleine de surprises (bonnes ou mauvaises), que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, et donc qu’il est primordial de profiter de ses proches, de vivre à fond ses passions, de découvrir de nouvelles expériences… sans pour autant être égoïste, mais les partager. Nous serons là pour les aider dans ce sens.

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