Véronique Jacquenet (The Story Paris) "nous devons nous accrocher, nous n’avons pas le choix"
C'est la cinquième semaine de confinement. CB News, au-delà de l'endurance, continue d'informer. Nous poursuivons notre série d'interviews, débutée le 17 mars, avec aujourd'hui le témoignage de Véronique Jacquenet, directrice générale de l'agence The Story Paris.
1) Comment y arrivez-vous ? ou pas ? A travailler, à inspirer, à créer ?
Véronique Jacquenet : The Story Paris est une jeune agence en communication événementielle indépendante. Elle a été officiellement lancée le 9 janvier dernier. Quelques semaines avant l’arrivée du virus sur notre territoire. On aurait pu se dire « pas de bol, la poisse »… avec notre filière qui s’est effondrée dans les semaines qui ont suivi, une mise à l’arrêt des événements sans préavis ! Oui l’année 2020 (et même plus…) va être une catastrophe d’un point de vue humain (on laisse sur le carreau des milliers d’intermittents, d’indépendants) et en terme de business. Les entreprises ont décalé les événements du premier semestre au dernier semestre 2020 ou bien elles les ont tout simplement annulés. Nous n’avons heureusement pas subi de dommages, puisque nous sommes depuis le début de l’année dans une phase de développement commercial et les appels d’offres que nous traitons actuellement seront produits en fin d’année ou début d’année 2021. Nous avons continué à travailler en télétravail, mais c’était déjà notre quotidien, nous échangeons beaucoup par mail, par téléphone, en visioconférence. Nous allons vite, c’est la volonté même de la création de cette agence : agilité, réactivité, flexibilité. Notre métier nous oblige constamment à être créatif, à nous adapter, à être résilient. Nous sommes dans l’œil du cyclone, nous devons nous accrocher, nous n’avons pas le choix. Nous ne voulons pas nous résigner à abandonner, ça sera sûrement beaucoup de sacrifices pour nous, mais en cas de succès, nous en sortirons tous grandis il me semble... Il nous faudra transformer ce problème inédit en opportunité !
2) Avez-vous “trouvé” de nouvelles sources d’inspirations ?
Véronique Jacquenet : le bon côté du confinement est que ça a libéré l’imagination ! On ressent bien à travers les différents réseaux sociaux que chacun a besoin de se décharger du stress généré par « l’enfermement ». Je pense que dans les moments difficiles, l’humour, la dérision sont les meilleurs moyens d’échapper à la déprime. Ça libère l’esprit de certains, ça nourrit ceux des autres ! Au même titre que la nature reprend ses droits, que les élans de solidarité fleurissent partout, que le confinement nous fait réfléchir sur le sens de nos vies… Nous devrons alors dans notre métier tenir compte de ces nouveaux comportements, revenir à l’essentiel pour créer des événements qui ressembleront à « l’après Covid 19 ». Ce qui est sûr, c’est que l’humain prendra encore plus de place dans cet éco-système !
3) Qu’est-ce qui vous manque le plus dans la pratique de votre métier ?
Véronique Jacquenet : le contact humain bien sûr ! C’est l’ADN même de notre métier. Avec nos clients d’abord mais aussi avec tous les prestataires/partenaires de notre branche. Nous existons pour créer du contact, pour embarquer, faire rêver. Sans cela, nous serions comme une pièce de théâtre sans public. Même si l’on voit apparaître depuis quelques semaines certains acteurs proposer des conférences ou des salons à distance, ce n’est qu’une vision à court terme. Et puis l’intégration du digital n’est pas nouveau dans notre métier. A plus long terme, ça ne remplacera jamais le contact physique. Je pense que les entreprises vont devoir « (re)prendre la parole » auprès de leurs collaborateurs, leurs forces de ventes, leurs clients pour redonner du dynamisme, pour ressouder les liens, pour ré(embarquer) tout le monde après ces quelques mois de confinement. On ne pourra pas se passer du contact physique !